Gavroche’n’roll. Le triomphal Smash n’était donc pas une erreur de parcours : ces petits punks sont résolument taillés pour la gloire. Nous les sentons glisser, sortir inexorablement de nos préoccupations. Mais reconnaissons-leur du métier. Pour des petits keupons. Donc Offspring nous échappe, s’évade en douce vers le sport de masse, mais avec une maîtrise que […]
Gavroche’n’roll. Le triomphal Smash n’était donc pas une erreur de parcours : ces petits punks sont résolument taillés pour la gloire.
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Nous les sentons glisser, sortir inexorablement de nos préoccupations. Mais reconnaissons-leur du métier. Pour des petits keupons. Donc Offspring nous échappe, s’évade en douce vers le sport de masse, mais avec une maîtrise que nous ne leur prêtions pas. Même le doré Come out and play semble loin. Sans se dédire, le groupuscule ébouriffé d’Orange County (Californie) se métamorphose aujourd’hui en machine de guerre précise pouvait-il franchement survivre autrement ? On a vu Green Day s’enliser à ne pas vouloir assumer son statut, alors nous accepterons de prendre les franches dispositions FM des singles All I want et Gone away comme un acte d’attaque et non d’abdication. En fourbissant des armes à la hauteur de ses dix millions d’albums vendus, Offspring se coupera sans doute de ses dix fans rigoristes, ceux qui refuseront d’admettre que les férocement mélodiques The Meaning of life ou Mota ont été écrits pour eux, mais risque de remettre le couvert pour tous les autres. Et ça, personne n’y croyait. On voyait assez bien Smash intégrer l’étagère des In a gadda da vida ou Sympathy, ces coups monstrueux mais sans lendemain. Produit de façon quasiment martiale par Dave Jerden, Ixnay on the hombre inscrit les refrains ados de Dexter Holland sur le long terme et les guitares alcalines de Noodles sur toutes les tablatures pédagogiques des générations à venir. C’est sûr, on va bouffer du Offspring comme on a dégluti de force du Police ou du Eagles. Mais sincèrement, ça fait moins peur. Les garçons ont bossé, comme pour rentrer par concours administratif dans la vie active, sans toutefois perdre de vue leurs origines de Gavroche débraillés. Ixnay on the hombre a l’insigne mérite d’être un disque authentique. Mûr, mais loyal. On ne voit pas d’ailleurs Jello Biafra, leader trépané des radicaux Dead Kennedys, venir cautionner d’un discours fédérateur et narquois (sur Disclaimer) une bande de joyeux opportunistes. Côté ouvertures, outre les calibrages radiophoniques précités, nous noterons les inflexions glitter d’I choose, l’interlud(iqu)e Intermission et une recrudescence des gammes arabes, certes déjà déflorées sur les trois albums précédents. Et pour prendre définitivement rang dans la grande histoire du rock’n’roll aurifère, Offspring en donne son propre résumé en post-scriptum. Ce Change the world final s’ouvre par un pillage des Shangri Las pour s’achever en remake de Metallica. Curieux court-circuit pour un hardcore exponentiel. Le reste demeure assez proche des options passées. Harmonies de tribunes populaires, taloches rythmiques et cordes résolument heavy, juste un peu mieux carénées, juste un peu plus malignes. Ixnay on the hombre négocie mais ne trahit pas. C’est plus, en fait, une question de stature que de corpulence. Offspring a pris des épaules sans s’alourdir les hanches. La petite grenouille destroy évite l’écueil du ridicule en l’occurrence : se transformer en bovin hormoné. L’honneur est donc sauf, et c’est déjà beaucoup.
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