Aux commandes de son label Jazz Fudge, DJ Vadim offre au hip-hop deux trésors d’imagination et de progrès. On connaissait DJ Vadim, le jeune Russe turbulent de l’écurie anglaise Ninja Tune, pour ses instrumentaux hip-hop cintrés et son tempérament ombrageux. On savait son admiration pour DJ Premier, sa fascination pour le travail précurseur de Pierre […]
Aux commandes de son label Jazz Fudge, DJ Vadim offre au hip-hop deux trésors d’imagination et de progrès.
On connaissait DJ Vadim, le jeune Russe turbulent de l’écurie anglaise Ninja Tune, pour ses instrumentaux hip-hop cintrés et son tempérament ombrageux. On savait son admiration pour DJ Premier, sa fascination pour le travail précurseur de Pierre Henry et son goût immodéré pour l’expérimentation. On le découvre aujourd’hui à la tête de Jazz Fudge, un label qui s’impose avec ces deux albums comme l’une des plus audacieuses têtes de pont en matière de hip-hop progressiste. Avec Isolationist, dont il assure la production, DJ Vadim pose enfin des voix sur ses collages équilibristes en s’adjoignant les services de trois forts en thème, les MC new-yorkais dissidents d’Anti-Pop Consortium, issus de la scène poétique du spoken word. Complétez avec Prime Cuts, leader des turntablists britanniques (du collectif de DJ Scratch Perverts, chouchousdu boss du label Mo’Wax James Lavelle, qu’ils ont aidé à porter le projet Unkle à la scène), et vous obtenez l’alliance transatlantique la plus anticonformiste de l’année. « Your ears are my punching bag » (« Vos oreilles sont mon punching-bag ») : avant le leitmotiv querelleur du splendide single Hydrogen slush, nous étions loin d’imaginer quelles délices il pouvait y avoir à laisser ainsi nos tympans subir de tels sévices. Les acrobaties verbales poétiques des uns conjuguées aux beats hantés et à la précision chirurgicale aux platines des autres créaient le monument de perversité cérébrale le plus jouissif en hip-hop depuis Dr Octagon et Company Flow. Une intensité confirmée sur l’album, où complexité linguistique et textures musicales capricieuses conspirent à provoquer un vertige claustrophobe où l’auditeur est privé de tout repère connu. Un album tendu et hautement sophistiqué aux confins du hip-hop, fâché avec la soupe paresseuse et les choeurs R&B, à réserver aux oreilles exigeantes et peu frileuses.
Plus souriants, moins dérangeants, les Swollen Members n’en sont pas moins passionnants. Originaire de Vancouver mais très proche du vivier bouillonnant de la Bay Area de San Francisco, le trio offre une approche moins abstraite mais l’intelligence musicale et la finesse de certains textes les placent largement au-dessus de la mêlée. Composé des deux orfèvres du micro Mad Child et Prevail et de DJ Zodak, Swollen Members tire sa principale force de son sens de la diversité. L’originalité des samples et la versatilité du ton et des thèmes évoqués forcent l’admiration, à l’image de l’impressionnante brochette d’invités venus ici leur prêter main forte, tels Aceyalone (Freestyle Fellowship), Son Doobie (Funkdoobiest), Everlast (ex-House Of Pain) ou Del Da Funky Homosapien (Hieroglyphics). La grâce pure du single Consumption, greffe inespérée de Souls Of Mischief et Freestyle Fellowship, figurait depuis des mois sur notre K7 de survie personnelle. Balance, sur lequel ils révèlent une multitude d’autres facettes optimiste, grave, mélancolique, drôle ou menaçante , les hisse d’emblée en haut de notre playlist de l’été.
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