Même si le groupe tabasse toujours aussi fort son électronique, Prodigy peine à atteindre les sommets d’hier
De Charly à Smack My Bitch Up,de Poison à Firestarter, The Prodigy avait établi la bande-son affolée, hystérique et débauchée de la fin du siècle dernier. Une pure musique d’abandon, physique et déglinguée, que Prodigy portait par des concerts sidérants – ils furent les premiers de cette génération bénie de l’électro anglaise à vraiment réfléchir à une transposition scénique de leur frénésie, alors que leurs collègues se contentaient encore de deux ordinateurs, d’écrans géants (de fumée) et de quelques jeux de lumières.
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Alors qu’on n’attend plus rien de cette famille (hormis les Chemical Brothers), on espérait de Prodigy et de son authentique génie Liam Howlett un retour motivé par l’urgence, la frsutration de n’avoir pas encore tout dit, la rage d’en découdre avec les évidents héritiers juvéniles que sont Enter Shikari, Hadouken! ou même Klaxons. La déception est à la hauteur des espoirs naïfs : le groupe a beau exhiber ses gros beats, torturer ses sirènes, tabasser une armée de samples et vrilles acides, il en est réduit à s’auto-influencer, voire s’auto-parodier. Les hurlements sinistres et les agressions soniques sont identiques, mais ils ne font même plus mal, même plus peur : on est passé de Massacre à la tronçonneuse à Scary Movie 17.
Le plus inquiétant est la totale imperméabilité de Prodigy à son époque : hormis quelques riffs métalliques à la Justice, c’est comme si Liam Howlett s’était contenté de rallumer son vieil ordinateur, de rebooter ses logiciels ancestraux et de relancer son fond d’écran, avec des Smileys vintage qui tourneraient en spirale.
Se contentant juste de faire parfois illusion – le martial Thunder, le très Primal Scream Stand Up, vraie trouvaille pourtant reléguée, presque honteuse, en fin de parcours –, ce cinquième album aurait largement mérité comme titre le nom du label qui le commercialise : Take Me To The Hospital. On pourrait le traiter pour cléptomanie (sur un groupe génial qui s’appelait The Prodigy), pour impotence et pour amnésie.
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