Le grand homme vert. Devenu le porte-parole officiel de Dame Nature, Julian Cope revisite toutes les fantaisies de sa carrière. A l’asile. Il y a fort à parier qu’à l’aube du quatrième millénaire, l’histoire de Julian Cope soit la dernière mythologie terrestre à avoir survécu aux bouleversements provoqués par l’arrivée des petits hommes verts. On […]
Le grand homme vert. Devenu le porte-parole officiel de Dame Nature, Julian Cope revisite toutes les fantaisies de sa carrière. A l’asile.
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Il y a fort à parier qu’à l’aube du quatrième millénaire, l’histoire de Julian Cope soit la dernière mythologie terrestre à avoir survécu aux bouleversements provoqués par l’arrivée des petits hommes verts. On y racontera à tous les coins de la galaxie comment, rejeté par les siens, celui qui deviendrait un jour l’interprète privilégié des premiers pourparlers du troisième type fut recueilli par une tribu de menhirs compréhensifs qui l’élevèrent comme l’un des leurs. C’est-à-dire dans l’amour et le respect de Dame Nature, dont l’ex-Teardrop Explodes se fait sur Interpreter son vingtième album terrestre à ce jour le mandataire exclusif auprès des hommes et de tous ceux qui caresseraient l’idée de fouler le sol de notre belle planète sans s’être d’abord essuyé les pieds. Ainsi donc se présente Julian Cope en 1996 : un Panoramix en survêt’ fluo qui aurait chipé sa lyre au barde Assurancetourix, capable de vanter les vertus de la lévitation aussi solennellement qu’il disserterait sur les méfaits de la dépendance cathodique ou sur l’existence des extraterrestres. Et le tout en chansons. Rien de bien nouveau en somme, depuis ce bouillonnant Twenty mothers de l’an passé. A part peut-être cet idéalisme baba qui a fini par s’agripper aux textes de Cope comme le lichen aux monolithes granitiques de Marlborough Downs et sur lequel on pourra gloser des siècles : irréductible dans son exil forcené, trop occupé à écouter parler les pierres pour prêter la moindre oreille aux bruits de la ville et à ses querelles de clocher, Julian Cope est resté un songwriter hors pair. Et il le prouve une fois de plus sur une bonne première moitié d’Interpreter, aussi à l’aise dans le psychédélisme glitter d’I’ve got my TV and my pills ou de Cheap new age fix que dans le boogie patchouli d’Arthur drugstore. Jamais dupe de sa propre folie (Since I lost my head, it’s awl-right, évocateur), Julian ne cherche plus à éviter les miroirs (ainsi rira-t-on franchement avec lui au refrain klaus-nomiesque de Spacerock with me, sorte de krautrock en placoplâtre moulé) ni à chasser ses fantômes à coups de balai : celui du Julian Cope de World shut your mouth qui hante bonhommement un très eighties I come from another planet, baby comme ceux des Teardrop Explodes qui tiennent haut les archers sur le magnifique Planetary sit-in. D’une touchante naïveté lorsqu’il s’aventure dans les eaux troubles du cocktail jazz progressif (Maid of constant sorrow) ou de l’électro-rap schtroumpf (The Loveboat), Julian Cope s’avère tout de même drôlement plus sexy et convaincant qu’une Dominique Voynet lorsqu’il explique sur Battle for the trees comment à Newbury Pass il dut se dresser entre la police et les manifestants pour exécuter une de ces danses chamaniques dont il a le secret.
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