L’ambiant ravissante d’un collaborateur de Massive Attack ou Coldplay
La musique ambiante est un art délicat d’occupation de l’espace, qui doit accompagner la rêvasserie sans la faire s’effondrer en léthargie (la différence entre Craig Armstrong et Richard Clayderman), qui doit maintenir les sens en alerte sans non plus les martyriser (la différence entre Boards of Canada et Fennesz). De Brian Eno à M83, d’Aphex Twin à Ulrich Schnauss, ils sont finalement peu nombreux à avoir déniché, avec des tentatives de pop éloquente et muette, une alternative aussi bien à la muzak qu’à la dictature du rythme. A la fois sensuelles mais vaporeuses, palpables mais discrètes, les pièces fuyantes de Jon Hopkins parviennent elles aussi souvent à ces équilibres délicats. Quand ses breakbeats ne se rebellent pas contre des mélodies étales et une écriture aquarelle héritée de Debussy ou Satie, Jon Hopkins – un habitué des compilations chill out – compose ainsi la BO idéale pour la béatitude. On reconnait même ici, étonné, les quelques notes en suspension, cristallines et répétitives, qui illuminent l’intro du dernier album de Coldplay. On avait alors attribué à Brian Eno, producteur de l’album, ces quelques accords (de paix) qui offraient à Viva La Vida son grand et court moment de grâce. Ils étaient en fait l’œuvre de Jon Hopkins, qui en tire aujourd’hui une longue suite élégiaque : Light Through The Veins, qui donne de furieuses envies de ne rien faire, de danser sans le moindre mouvement.
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