La scène se passe en 1974, dans le gymnase de l’école de Glenwood, en Colombie Britannique, à l’Ouest du Canada. Soixante écoliers ruraux d’un côté, Hans Fenger, leur professeur de musiques, de l’autre. C’est à lui que l’on doit aujourd’hui Innocence & Despair. Ce sont donc principalement ces voix fragiles et innocentes comme la pop […]
La scène se passe en 1974, dans le gymnase de l’école de Glenwood, en Colombie Britannique, à l’Ouest du Canada. Soixante écoliers ruraux d’un côté, Hans Fenger, leur professeur de musiques, de l’autre. C’est à lui que l’on doit aujourd’hui Innocence & Despair. Ce sont donc principalement ces voix fragiles et innocentes comme la pop primale qui sont, en ce jour de 74, enregistrées en direct, avec une chambre d’écho dont même Phil Spector n’aurait pu rêver : le gymnase lui-même, au son de cathédrale étouffé, inquiétant. Et ces gorges déployées illuminent un répertoire délicat, habité joyeusement : beaucoup de Beach Boys (God Only Knows, In My Room, Good Vibrations), du Bowie surréaliste (Space Oddity), du Carpenters, du Beatles ou même un Eagles royal (Desperado). Car la beauté de cette chorale, c’est de ne jamais sombrer dans le nunuche, de ne pas hésiter à discuter en classe de la mélancolie. C’est aussi sa retenue, son humilité, qui la sépare à tous jamais des karaoke Popstars ou des Poppies. Dans ces chansons, les enfants ont à l’évidence vue la lumière, pâle et troublante : notre chair de poule (comme celle de Bowie ou John Zorn, également bouleversés par ce projet) en témoigne. Puisse cette chorale se charger des accueils au Paradis.