Proche du radotage pur et simple, le single éclaireur Stories, paru voici quinze jours, avait jeté le doute. On y retrouvait les composantes du précédent Troublegum, fondues en un digest un peu caricatural. L’album Infernal love n’échappe pas à quelques autres clichés et erreurs encombrantes, telles Misery ou cette reprise un brin téléphonée, Diane, de […]
Proche du radotage pur et simple, le single éclaireur Stories, paru voici quinze jours, avait jeté le doute. On y retrouvait les composantes du précédent Troublegum, fondues en un digest un peu caricatural. L’album Infernal love n’échappe pas à quelques autres clichés et erreurs encombrantes, telles Misery ou cette reprise un brin téléphonée, Diane, de l’ancêtre légitime Husker Dü. Pourtant, dans l’ensemble, Therapy donne l’impression d’avoir retrouvé la sève qui dressait Nurse et Boni in a crash en sommets de recherche sonique. Dès Epilepsy, la prospection reprend, sur ce mode heavy dont les Irlandais savent user sans abuser. De fait, il ne serait pas déplacé d’élever Therapy au grade (équivoque) de dernier groupe de hard-rock expérimental: les couinements porcins en moins, la sémantique complète du nf en plus, swing et sensations compris. Ici, on utilise ses muscles et ses neurones sur un ring où d’autres ne bombent que le torse. Pour les spécialistes du métal pileux, on citera leurs concitoyens de Thin Lizzy: ce n’est finalement qu’à un spectre de couleurs plus large que Therapy doit un statut plus enviable. Capable de rendre la mélancolie teigneuse et la haine atrabilaire, Andy Cairns modale des ambiances épidermiques, humaines, jusqu’à faire d’une base ultra classique le limon nécessaire à la culture d’émotions nobles. On notera la présence de cordes et de cuivres inédits venus napper et atténuer la crudité de certaines effusions élégiaques. Il faut d’ailleurs un grand sens de l’orchestration pour que des Jude the obscene ou Bad mother ne sombrent pas dans l’héroïsme fantaisiste et martial d’un U2 grange. Plus que jamais, Therapy reste digne, sait maîtriser ses pulsions. Sa colère, soutenue par une remarquable technique instrumentale, évite la surenchère et la vulgarité. Son propos n’assène pas de slogans manichéens, l’imaginaire peut aussi y trouver son compte. En cumulant la force mélodique de Troublegum, un retour de flamme et une certaine temporisation adulte, Infernal love règle tous les problèmes de succession posés par le colossal triomphe de Nowbere. Comme en politique, il ne suffit pas de se trouver un héritier: il faut aussi le doter d’un programme. Therapy y parvient magistralement. Dans le changement et dans la continuité.
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