Un de ses confrères définit ainsi le style du compositeur géorgien Giya Kancheli : un Vésuve au repos. On ne saurait mieux dire pour qualifier ses partitions où, sous un minimalisme apparent, couve un tempérament de feu. Car si les moyens, dans un esprit de clarification du langage harmonique, sont certes volontairement limités, ils n’en […]
Un de ses confrères définit ainsi le style du compositeur géorgien Giya Kancheli : un Vésuve au repos. On ne saurait mieux dire pour qualifier ses partitions où, sous un minimalisme apparent, couve un tempérament de feu. Car si les moyens, dans un esprit de clarification du langage harmonique, sont certes volontairement limités, ils n’en sont pas moins particulièrement expressifs. D’une oreille distraite, la pièce qui ouvre cet album ? Time and Again, pour la première fois interprétée sur disque par ses dédicataires Oleg Maisenberg et Gidon Kremer, dont la dernière association avec Kancheli remonte à une pièce dédiée à la mémoire de Luigi Nono ? évoquerait presque, par le piano, Morton Feldman.
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Cependant, malgré son côté faussement spartiate, ce duo n’est pas indifférent à une forme de lyrisme absente de l’œuvre de l’Américain, et qui renvoie à l’univers de Schubert par l’intermédiaire de références plus ou moins explicites. Ici, le minimalisme ne se dépare pas d’une véritable puissance expressive, la répétition n’étant en fin de compte que le support à des tensions par endroits assez violentes. Les silences dont jaillissent les moments les plus exsangues de V & V (composé sur l’incitation de Yehudi Menuhin) et de Piano Quartet in L’Istesso Tempo génèrent des contrastes saisissants, qui témoignent d’une vision pessimiste. Kancheli ne croit pas en des lendemains qui chantent, aussi est-ce plutôt la tristesse ? devant l’incapacité du monde à tirer des leçons du passé ? qui transpire des trois pièces. Une tristesse dont le pouvoir de fascination, loin d’être désagréable, évoque, çà et là, Arvo Pärt.
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