Le folk-rock rural et onirique d’un Canadien – on ne parle pas de Neil Young
Longtemps, on s’est méfié du chant méchant, effondré de ce Canadien, qui semblait psalmodier avec des charbons et chardons dans la bouche, qui en voulait personnellement à la joie et à la vie, au nom d’une dingue et sourde vendetta : un genre de Will Oldham ou de Mark Lanegan mal embouché, un jour de rages de dents et de lettre de rupture – c’est dire la fête. Pourtant, l’écrin réservé à cette encre noire est devenu au fil de sept albums de plus en plus sophistiqué, civilisé, là où le décor idoine aurait dû être friches, déserts et terres brûlées. Malgré l’acidité, la mélancolie ou l’étrangeté de paroles toujours assez bluffantes, sagement reproduites avec ce CD dans une version bonsaï d’un cahier d’écolier, l’ambiance est ici de plus en plus feutrée, apaisée, élégiaque : s’accompagnant d’un piano même pas maltraité ou d’un groupe chaleureux et aérien (voire facétieux), la voix du Canadien a fini de gratter ses croûtes, de trembler dans le noir, se transformant en arme fatale, blanche et tranchante. S’il y avait un peu de place au coin du feu (sacré), on trouverait même un strapontin pour cet album dans le coffret d’archives à venir de son évident mentor, Neil Young.
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