Jean Wiener Improvisations au piano 1951-1964 (INA Mémoire Vive) En passant devant l’établissement qui porte le nom de Boeuf Sur Le Toit, du côté des Champs-Elysées, on se dit qu’on est à des années-lumière du vrai Boeuf, celui qui ouvrit près de la Madeleine au lendemain de la Grande Guerre avant de déménager à plusieurs […]
Jean Wiener Improvisations au piano 1951-1964 (INA Mémoire Vive)
En passant devant l’établissement qui porte le nom de Boeuf Sur Le Toit, du côté des Champs-Elysées, on se dit qu’on est à des années-lumière du vrai Boeuf, celui qui ouvrit près de la Madeleine au lendemain de la Grande Guerre avant de déménager à plusieurs reprises sa tumultueuse clientèle. Les voisins se plaignaient en effet du bruit, un peu comme ceux qui virent se défouler Gréco et consorts au Tabou, vingt ans plus tard rive gauche.
Lieu de rendez-vous de Cocteau, Milhaud, Léger et autres Radiguet, il avait pour principal mentor Jean Wiener, dont les poussées au piano en compagnie de son acolyte Clément Doucet furent célèbres jusqu’en Amérique. Ils donneront tous deux plus de deux mille concerts. Wiener : ce nom a traversé le siècle ; c’est celui qui fait connaître Schoenberg en France, qui mêle dans les joyeuses salades de ses concerts oeuvres sérieuses contemporaines et jazz, et surtout, c’est le compositeur invétéré de musiques de film et l’auteur d’une mélodie anodine à l’harmonica restée gravée dans les mémoires. Surtout, un improvisateur génial capable de tout restituer sans déchet, doté d’une imagination fabuleuse qui lui permet de créer un contrepoint original aux films muets qu’il accompagnait. Le voyage sonore proposé par les archives de l’INA permet de se replonger dans ces atmosphères contrastées : des espagnolades subtiles au jazz le plus débridé, des valses et des javas en même temps que des hommages à Bach.
En 1950, Wiener commence ses émissions radiophoniques quotidiennes de trois minutes par un prometteur « Bonjour tout le monde. Ici Jean Wiener ». Si ce qu’on entend là peut sembler parfois sage en comparaison avec les grands improvisateurs du siècle, c’est que le personnage Wiener est plus discret que tonitruant. Son piano gracile et fruité enchaîne à l’infini les formules les plus oniriques. « J’ai dedans moi un réservoir à musique qui est toujours plein. » A la fin de l’album, L’Improvisation sur un slow de Germaine Tailleferre nous ramène à l’époque du Boeuf Sur Le Toit. Et ce « A demain ! » qui conclut les séances est tout bonnement une invitation au plaisir perpétuel. Touchez pas au grisbi, mais faites tourner le joyeux moulin musical de Jean Wiener !
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