Time Bomb en 95 suivi de « Retour aux Pyramides », en deux ans HILL.G aka ILL, moitié du groupe X-Men (avec Cassidy), a révolutionné l’écriture et le freestyle. Les deux compères sont bientôt de retour dans les backs avec l’Ep « Modus Operandi ». Nous avons rencontré ILL pour l’occasion, pour parler passé, présent et avenir. Entretien.
Tu avais donné une interview à l’Abcdr du son, il y a maintenant deux ans, où l’on évoquait déjà le nouvel album des X-Men. Aujourd’hui, vous annoncez la sortie prochaine d’un Ep, « Modus Operandi », tu peux nous en dire plus ?
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Ce sera un Ep de 7 titres… Quoique le nombre de pistes reste encore à définir. On en a au moins 7 autres de prêtes. On a décidé d’en lancer une première vague, pour poser une première base de travail. On va bosser de manière cohérente. Une seconde vague, le fruit de cet Ep en quelque sorte, suivra. On a lancé le mouvement.
Quand sortira-t-il ?
La date n’est pas encore fixée, mais on en parlait encore avec Cassidy, ce sera pour fin septembre voire octobre au maximum !
L’album des X-Men va suivre la sortie de « Modus Operandi » ?
Ça, on ne peut pas le savoir encore et je vais te dire pourquoi : on continue de travailler comme on l’a toujours fait, au coup par coup. Depuis le départ, on a l’habitude de beaucoup bosser, de faire des freestyles, de pratiquer notre art. Quand on arrivait en studio, on faisait nos trucs directs. Boom !
Aujourd’hui, du temps est passé, on a récupéré notre énergie et on est maintenant prêts à repartir. On ne veut pas dire ce qui va se passer juste après mais en tout cas, une chose est sûre, la synergie et le mouvement artistique sont lancés.
C’était ça le plus important ? Relancer la machine ?
Totalement. Parce que l’ »après », ce n’est pas grave au fond. L’important c’était de « lancer » la dynamique. On n’a pas une manière de faire très stratégique. Ou en tout cas pas très traditionnelle. C’est le travail qu’on produit qui nous permet de visualiser l’étape d’après. On n’est que sur le côté artistique pour l’instant, pas sur la communication.
Où en es-tu de ton album solo ? Il y a deux ans tu disais encore chercher des sons…
Il avance petit à petit. J’ai plusieurs morceaux en stock. Dans Modus Operandi, tu en retrouveras deux d’ailleurs. Mais, franchement, je ne sais toujours pas quand je referai un album solo. Après, encore une fois, la synergie est là, ça peut arriver très vite. Tout est possible.
X-Men est un groupe mythique pour beaucoup d’amateurs de rap français. Mais, cela fait un moment que vous n’avez rien sorti, n’avez-vous pas peur de la réception du public, après autant d’absence ?
Je me suis interrogé là-dessus un moment mais bon… [Il réfléchit] Tu sais le seul truc qui compte au fond, c’est de faire comprendre aux gens qu’on est et qu’on sera toujours là. Le reste, c’est secondaire.
A l’époque de Time Bomb [label mythique du rap français du milieu des années 90, ndlr], vous avez rapidement placé la barre très haut. Ça n’a pas été difficile de conserver ce niveau tout au long de votre carrière ?
Evidemment, ça demande beaucoup de travail. Mais c’est là le vrai challenge quelque part… Le défi. Aujourd’hui, on est conscient de jouer « la vraie partie ».
Revenons à tes débuts : avant de former les X-Men avec Cassidy, vous vous appeliez les Rookies Mc’s. Quand s’est fait le changement de nom ?
Au début de Time Bomb ! Je me rappelle, c’était au moment de l’enregistrement de « J’attaque du mike » en 95. On est sorti du studio, je crois que c’était à Château d’Eau, et il nous fallait un nom pour nous enregistrer sur toute la paperasse. Je crois que c’est Hifi qui a eu l’idée du nom, c’était un gros fan de Marvel. Et nous on était beaucoup dans le délire Malcolm X. Ce mélange a donné X-Men. On était né.
D’ailleurs, pour mettre un terme aux différentes versions, Hifi fait-il partie des X-Men ou non ?
Non, il n’en faisait pas partie intégrante. Lui s’est toujours considéré comme ne faisant pas partie du même noyau que nous au départ. Il venait de Porte de Vanves et nous de Ménilmontant, peut-être qu’il se sentait un peu à part. En tout cas, il a toujours voulu conserver son identité propre. Donc, au fur et à mesure, on s’est rendu compte qu’X-Men, c’était juste Cassidy et moi.
Vous vous connaissez depuis quand avec Cassidy ?
Depuis la 6e ! On devait avoir onze ans !
Pourtant tu as commencé à rapper assez tard ?
J’ai rappé mon premier texte à dix-huit ans.
Rien avant ?
Non. Quand on a commencé à rapper avec Cassidy tout est allé très vite pour nous en quelques mois à peine. Quand j’étais petit, j’écrivais très mal et d’un coup, je me suis mis à écrire droit. Le rap, c’est pareil. Quand on a commencé à rapper, des gens ont essayé de nous séparer, Cassidy et moi, du reste du groupe. Un peu comme le Wu Tang [rires]. Cassidy l’avait vu mais moi, je n’avais rien remarqué !
C’était à quelle époque ?
A l’époque des Rookies Mc’s ! Moi j’ai rejoint le groupe en cours de route. Cassidy était déjà avec eux. Un jour, je l’ai accompagné. Le mec qui semblait être le chef a dit : « Il a l’air cool ton pote, il n’a qu’à faire les backs s’il veut ». J’ai accepté, je ne voyais pas pourquoi refuser, c’était les vacances d’été et je n’avais rien d’autre faire. Au final, on a même fait une scène ou deux à Robinson, c’était plutôt marrant.
C’est là que tu as commencé à rapper tes premiers textes ?
Oui et au départ, c’était tout pourri [rires]. Les deux premiers mois, les autres ont du se dire : « Non, il est vraiment nul lui. » Moi, je ne m’en rendais même pas compte ! J’aimais beaucoup le rap américain, je crois que je leur ai apporté ce côté frais, nouveau.
Tu écoutais quoi ?
Pas mal de trucs : NTM avant Paris sous les bombes, les Little MC’s…J’écoutais aussi beaucoup de soul, de pop, de rock, Mickael Jackson ! C’est le rythme qui m’intéressait. Puis le côté tribal, ce truc qui arrive à saisir l’inconscient pour réunir les gens. Suite à ça, j’ai commencé à m’améliorer, à mieux rapper. Je me suis énormément appliqué sur mon écriture.
Tu écoutes qui d’autres aujourd’hui ?
Christine and the Queens ! J’aime son travail. Quand tu écoutes au casque, c’est d’une précision. C’est du vrai travail d’artiste, la musique… Et le résultat, d’une finesse… J’ai kiffé vraiment. Sinon en rap… [il cherche] j’aime bien French Montana, c’est un mec qui me rappelle des souvenirs, une époque, j’aime bien. Son parcours me parle. Rick Ross qui reprend Biggie aussi. Bon c’était à la fois très dur et très beau. Surtout comme ça, réactualisé de façon moderne, avec des bons moyens. Ca m’a fait mal de kiffer ça. Asap Rocky, j’aime bien aussi, ou Kendrick Lamar… ça veut pas dire que j’écoute tout, j’aime bien le morceau où ils sont présents… [il cherche] Fucking Problems ! J’aime bien.
https://www.youtube.com/watch?v=YiC5SeRfLYw
Si on regarde les membres de l’écurie Time Bomb avec un peu de recul : Booba et Oxmo ont fait des grosses carrières. X-Men beaucoup moins. Pourquoi selon toi ? Tu n’as pas de ressentiment aujourd’hui ?
Si jamais tu as l’impression d’un quelconque ressentiment de ma part, tu fais erreur. Pour te répondre, bien sûr que ça a pu me toucher à un moment, je suis humain. Mais l’une de mes forces, c’est mon état d’esprit, en tout cas je l’espère.
Ils ont fait des concessions que toi tu as refusé ?
En tout cas ils ont fait leurs trucs à leur façon, ils n’ont pas volé ma façon de faire. Bon, il y a peut-être eu des histoires d’instrus ici ou là, mais rien de grave. Leur manière d’être, ce n’est pas la mienne. Nous ne sommes pas pareils, tout simplement.
Tu avais quand même déclare à l’Abcdr du son : « Je ne sais pas pour eux, mais en tout cas moi, je n’ai pas perdu… »
Tu sais, j’ai peut-être essuyé quelques échecs dans ma vie du point de vue personnel mais, on a fait un classique. Notre parcours est classique. Même notre signature en maison de disque en fait partie.
Chez Universal [après la fin du label Time Bomb entre 97 et 98, ndlr] ?
Ouais et eux, ils nous ont coupé. Je le dis clair et net. Ils ne voulaient pas nous développer, je ne veux pas citer de noms mais ils nous ont balancé.
Tu n’y as jamais réellement cru à cette signature ?
Non, sincèrement jamais et c’est la vérité.
Pourquoi tu l’as fait ?
Parce que… Ça nous semblait la seule chose à faire, c’était un passage obligé pour « voir ». J’avais un doute, il s’est vite effacé. On ne voulait pas que certains se disent qu’on ne profitait pas de l’occasion que l’on avait à ce moment-là. Après, on nous a fait comprendre très vite, en douce, qu’on ne voulait pas nous développer chez Universal. On nous l’a dit d’une manière indirecte, de façon à ce qu’on le comprenne.
Pourquoi ?
On n’avait pas l’état d’esprit qu’il fallait. On était des insoumis mais de façon naturelle. On n’était pas agressifs, ni violents. Mais si tu nous lançais une vanne, on répliquait par une autre vanne. Comme dans la cour, « je ne suis pas moins fort que toi ». Et ça c’était insoutenable pour eux, voir des mecs de 20 ans leur tenir tête comme ça. C’est ce que j’ai perçu. On nous l’a fait ressentir de l’intérieur. Dans un sens, ça fait plaisir. D’ailleurs je fais une dédicace à cette personne, « dans l’ombre », au moins ça a pu rendre tangible tous les doutes que l’on avait.
Comment vous êtes-vous retrouvés sur la BO de « Ma 6-T va crack-er » en 1997 ?
On n’avait pas de connexion avec Richet [Jean-François Richet, réalisateur du film, ndlr] et son équipe, ça c’est fait grâce à Time Bomb. On est arrivé dans leurs studios, ils nous ont fait écouter une ou deux musiques, je ne me souviens plus. On y est resté une heure et demie. On a écrit le texte en cabine, on l’a posé, on s’est serré la main et on s’est dit au revoir. On avait faim, on voulait aller manger quelque part.
Vous veniez donc d’enregistrer ce qui deviendra un classique du rap français, « Retour aux pyramides »…
Ouais sur place, en une heure et demie seulement. On était dans le bain. C’était le bon moment pour nous, dès le départ on le savait. Quand je revois le morceau je me dis qu’il est quand même assez dingue.
En 1h30 seulement…
Quand tu y réfléchis bien, c’est logique aussi. On ne va pas dire qu’on a pris 15 jours pour écrire un des morceaux les plus mythiques du rap français. Ça fait un peu acharné, stakhanoviste. Là, c’était de l’art. On était entraînés. On improvisait des freestyles tous les jours, on était dedans. On était au maximum, les types de la BO voulaient que ça choque, « ah ouais d’accord, pas de problème ! Le combat ! » [il parle vite] On a fait chauffer notre cerveau. Ca a marché. On a fini et on a dit au revoir. Il n’y avait pas de « c’est bien ou pas ? ». On avait donné le maximum.
On a vraiment l’impression qu’il n’y a que dans le freestyle que tu t’épanouis…
[Grand sourire] Mais tellement ! Parce que c’est plus pur mais aussi plus risqué. [Il réfléchit] Tu te livres plus lorsque tu improvises. Quand tu balances un truc « fort », ça sonne encore plus fort qu’un texte que tu as écrit à l’avance. Et comme tu le découvres toi aussi un peu en direct, tu peux le savourer en même temps que les mecs qui t’écoutent.
Tu as des techniques d’écriture ? Comment te vient l’inspiration ?
En fait, il faut toujours être au plus proche possible du freestyle. Un freestyle, c’est un concentré. C’est tonique, tout en étant relâché. Il faut que tu visualises en avance ce que tu vas balancer. Le résultat doit être immédiat. Il faut qu’on ressente les placements tout de suite. En fait, c’est comme pécher du poisson frais. Le mieux, c’est de le vider et de la manger tout de suite ! C’est le même procédé avec un freestyle. Tout est dans la gestion du temps. Si tu attends trop longtemps, le goût et la fraîcheur vont disparaître. Après, il faut être dans de bonnes conditions, ne pas avoir de soucis dans ta vie ou d’arrières pensées négatives, etc.
Tu te reposes sur beaucoup de références culturelles. Tu lis beaucoup ? Tu regardes beaucoup de films ?
Peu de livres. Par contre, beaucoup de télévision, de textes en langues étrangères. Des mots, des expressions qui viennent d’autres pays. Et des films, pas mal de films.
Tu as une grosse mémoire ?
On a de la mémoire pour ce qui nous intéresse de toute façon. Moi je l’ai beaucoup travaillée quand j’étais petit, grâce aux langues étrangères. J’aime ce qui vient d’ailleurs, ça aromatise notre existence.
Tu as déclaré avoir « explosé les codes du rap français » à l’époque. Qu’est-ce que ça signifie ?
Notre but, c’était de nous faire comprendre, sans expliquer chaque syllabe. C’était ça notre unique code. On voulait donner suffisamment aux auditeurs pour que l’on soit compris. Comprendre que l’intention est parfois plus forte que les mots. Que les mots sont les armes de la pensée, de l’émotion, du feeling. La beauté existe au-delà des mots.
Quelles étaient tes relations avec Booba au sein de Time Bomb ?
Rien de spécial. On avait des feelings diamétralement différents. Ce n’est pas qu’on ne s’entendait pas, mais il n’y avait pas d’accroche. Rien de spécial ! De plus, je ne me sentais pas en compétition avec lui. J’avais compris dès le départ qu’on n’était pas de la même planète. J’avais perçu son talent, mais en même temps je voyais qu’on n’avait rien en commun.
Vous sembliez avoir pas mal de similitudes, tu penses qu’il pouvait se méfier de toi ?
Peut-être. Qu’il fasse ce qu’il a fait ne pouvait pas me toucher car j’étais indifférent. C’était normal qu’on fasse tous les deux nos trucs. Après, les manières de faire et les tempos sont propres à chacun. Il n’y avait pas de compétition formelle entre nous mais peut-être qu’on pouvait le penser intimement.
Est-ce que sa réussite t’étonne ?
Quelque part oui, car certains de ses morceaux m’apparaissent comme des résumés. Et je trouve qu’ils passent étonnamment bien. Mais quelque part c’est logique. Il y a plus 60 millions de français, c’est normal qu’une partie apprécie. Surtout qu’à la base, il a un talent de rappeur. Il sait très bien manier la rime. S’il arrive à l’utiliser d’une manière ou d’une autre, c’est normal qu’il en récolte les fruits.
Sincèrement, tu ne penses pas qu’il y avait mieux à faire avec l’écurie Time Bomb ?
Peut-être que tout s’est passé trop rapidement. Qu’on était trop jeunes, pas assez professionnels. Il y avait des conflits intérieurs non-réglés entre les membres de Time Bomb. On n’avait pas le même parcours, on ne se connaissait pas depuis l’enfance
L’épisode de la Fnac des Ternes [Les X-Men et Lunatic devaient se produire dans une salle prévue pour 100 personnes, 2 000 sont finalement venues et la sécurité s’est retrouvée totalement dépassée,ndlr] est assez représentatif de l’époque : quelque chose d’énorme qui vous échappait un peu, non ?
Peut-être que ce que l’on avait à proposer dans ce pays, par rapport à son histoire, sa culture, c’était trop. Qu’ils n’allaient pas l’accepter car c’était trop dur à digérer pour eux. T’imagines deux secondes ? C’était hors de question que les gens commencent à se regrouper à Paris, qu’ils commencent à foutre le bordel et à sauter partout. Et puis quoi encore ?
Pour beaucoup, Time Bomb coïncide avec l’âge d’or du rap, qu’en penses-tu à l’aune de la génération actuelle ?
Tout ce que je peux te dire c’est qu’à l’époque, même les inconnus, qui appelaient à la radio pour poser un freestyle, étaient très généreux dans la manière de raconter. Donc toi, tu écoutais avec attention. Alors que maintenant on est plutôt dans la représentation. On ne recherche que le côté « à chaud ». Un discours qui te parle vraiment, c’est devenu rare de nos jours. Désormais c’est plus élaboré. Il y a un côté « pour être sûr de gagner ». Ça se traduit par une baisse de niveau, on a ôté quelque chose.
Où places-tu la bascule de ce changement d’époque ?
Juste après cet « âge d’or » du rap, les maisons de disque ont voulu mettre en avant d’autres choses. Ils ont préféré mettre en avant d’autres « menaces ». Au détriments de choses… Plus sophistiquées peut-on dire.
Tu parles de quoi par « menaces » ?
Du point de vue de la liberté d’expression, des paroles. On s’en rend compte aujourd’hui que la liberté d’expression commence à être bousculée en France. On en parle beaucoup. Les maisons de disques ont donc préféré s’orienter vers quelque chose de plus capitaliste, de plus matérialiste, de plus tangible. Miser sur l’apparence et la beauté.
On s’est mis à « façonner » des rappeurs pour toi ?
En tout cas, on leur a bien dit que s’ils voulaient emprunter l’autoroute du bling-bling, du tatoutage, de l’huile sur le corps, des armes… Enfin toute la panoplie des films hollywoodiens, et bien il y avait de la place pour eux.
Tu penses à Booba ?
Ça c’est toi qui le dis [sourire] Tu trouves que ça ressemble à son portrait ?
Ca me fais penser au clip de « Oklm » oui…
Ah bon d’accord, faudrait que je le regarde alors ! Ah si son dernier clip où il tire sur tout le monde ?
C’est en grande partie inspiré du film « Drive »…
Ah c’est Drive ok ! Je connais, je suis tombé dessus. Et donc… Voilà quoi. Tu trouves que ça y ressemble ? Vu comme ça, comme je l’entends… J’ai l’impression que… Oui… Il peut y avoir des aspects concordants. C’est un exemple, mais il y en a d’autres. Plein de sons passent très bien en soirée aujourd’hui, on ramène David Guetta dans certaines soirées. En fait, le racisme et les problèmes entre les gens ont été compensés par des gros rassemblements festifs, de la consommation rapide et intense.
Qu’en est-il alors de cette rumeur comme quoi Booba ne voulait pas de toi chez 45 Scientific [label indépensant de Géraldo, JP Seck et Lunatic,ndlr] ?
Cette question, il faudrait la-lui poser directement. Après, je ne sais pas s’il y répondra… Ca le regarde. Cette phrase (en 2003, dans le magazine Groove, Booba déclarait avoir été surpris de la signature de Hill chez 45 Scientific sans qu ‘on l’ai prévenu, ndlr) je l’avais trouvée très étrange pour ma part. Un des gars à la tête du label venait régulièrement chez moi à l’époque, durant un mois ou deux, pour me dire « viens chez 45 ». Je lui répondais à chaque fois la même chose: « Les autres [du label], ils en disent quoi ? » Je voyais toujours ce même mec qui me répondait « ouais c’est cool ». J’ai fini par dire ok. D’où ma surprise en lisant l’interview de Booba après ça.
Je pense que c’est au niveau de 45 Scientific que la communication ne s’est pas faite, c’est eux qui se sont loupés. Ces mecs ne sont pas de notre univers. Ils ne voulaient peut-être pas l’informer, ils se disaient peut-être d’avance qu’il refuserait. Ils lui on peut-être caché. Je ne sais pas pourquoi. Par contre, l’avis des mecs de 45, je m’en fous totalement.
Tu donnes parfois l’impression d’être un esthète, comme certains sportifs qui préfèrent la beauté du geste au détriment de la victoire…
Quand j’étais jeune, je jouais beaucoup au tennis. J’utilisais beaucoup mon service à la volée, je le claquais tout le temps ! C’était surtout pour me faire plaisir, pour gagner aussi. Après, j’ai commencé à me dire que je devais apprendre à allier la victoire avec le beau geste. C’est ça mon challenge maintenant. Dans le tennis, si tu fais le bon geste, tu es sensé gagner. Comme Federer, quand la balle lui revient, il est toujours honnête avec elle. Il est sincère avec le jeu donc parfois il peut le tordre. Il y a un truc à respecter dans le jeu, c’est assez fin à comprendre et moi j’essaye de le comprendre jour après jour.
Federer a souvent craqué face à Nadal…
Laisse tomber, ça me saoulait tellement. Il ne faisait pas de service à la volée, ça me tuait, à la volée ! S’il l’avait fait, il l’aurait explosé direct ! Il voulait montrer qu’il jouait en fond de cours. Mais non ! Ça me filait des boutons de voir ça. Ce qui m’embêtait chez Federer, c’est qu’on avait la sensation qu’il pouvait le battre en service à la volée, mais non. Il voulait battre Nadal en « vrai » tennisman. L’autre ne faisait que le pilonner sur son revers. Et Federer faisait style, « non pas grave je vais trouver la solution ». C’est son côté perfectionniste ou son ego je ne sais pas. Mes excuses à lui si je fais erreur [sourire].
Tu vis du rap aujourd’hui ?
Ça m’arrive de faire autre chose à côté. J’ai fait mes choix dans la vie, il m’en coûte parfois, de toute part. Je ne saurais le regretter je ne peux rien changer. On peut toujours se dire qu’on aurait pu faire mieux tout le temps, mais il faut savoir avancer.
Si tu n’avais pas fais du rap, tu aurais fait quoi ?
J’aurais aimé être d’Artagnan. Sauf que je ne suis pas sûr de savoir qui est le bon et qui est le mauvais dans l’histoire.
Pourquoi lui ?
Parce qu’il a une épée le mec, et un cheval. Lui ou Cyrano de Bergerac. L’esprit Mousquetaire ! Sinon j’aurais pu faire avocat mais c’est un métier particulier. Sinon des métiers physiques ou du sport peut-être. Si je n’avais pas été opéré à 11 ans, j’aurais peut être gagné assez de centimètres et j’aurais peut-être été encore plus sans pitié au service. Les sports, le voyage ou la communication, je ne pourrais pas te dire. Quelque chose qui bouge. C’est presque par défaut que j’ai fait du rap. Pour quelque chose de révolutionnaire, de rebelle, allant vers l’harmonie.
Retrouvez les X-Men en concert :
5-6 septembre 2014 : Bourgone (festival)
19 septembre 2014 : Lyon ( L’Ampérage)
3 octobre 2014 : Grenoble
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