Rien ne laissait réellement présager de l’intensité sauvage qui habite le nouvel album solo de El-P, I ll Sleep When You’re Dead ? Je dormirai quand tu seras mort.” Comme pour mieux se battre, El-P s’est adjoint ici les services de quelques copains nouveaux venus. Inattendue, la présence de certains d’entre eux ne fait qu’illuminer […]
Rien ne laissait réellement présager de l’intensité sauvage qui habite le nouvel album solo de El-P, I ll Sleep When You’re Dead ? Je dormirai quand tu seras mort. » Comme pour mieux se battre, El-P s’est adjoint ici les services de quelques copains nouveaux venus. Inattendue, la présence de certains d’entre eux ne fait qu’illuminer un peu plus son album. Ainsi, dès l’ouverture, il invite les fous furieux Mars Volta à habiter un morceau, Tasmanian Pain Coasters, irrémédiablement anxieux et presque hystérique, qui évoque, par son atmosphère, les ambiances de films paranoïaques des années 70, comme Conversation secrète de Coppola.
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Le dernier morceau de l’album, l’impeccable Poisenville Kids No Wins, échantillonne la voix de Cat Power, distille un sample à la James Bond et construit une sorte de cathédrale sonique faite de milliers de détails, à l’intérieur de laquelle la chanteuse se métamorphose presque, l’espace de quelques dizaines de secondes, en diva post-funk avant de disparaître entièrement à l’intérieur des beats d’El-P.
Et tout le disque est ainsi : bourré de constructions complexes, qui ne laissent la vedette à personne. Les invités sont là pour servir la musique et la vision du créateur, jamais pour se mettre eux-mêmes en avant ou pour assurer au disque des ventes supplémentaires. Sans doute parce que l’album traite d’un thème unique : celui de New York, ville d’El-P dans laquelle, dit-il, il revit désormais différemment, après le 11 Septembre. En cela, le titre du disque, I ll Sleep When You’re Dead est une vraie déclaration d’intention qui évoque en creux le dernier morceau du nouvel album de LCD Soundsystem : New York I Love You but You’re Bringing Me down.
Chez El-P comme chez LCD Soundsystem, le rapport à NYC est viscéral, organique, et agit comme un catalyseur artistique, surtout depuis l’effondrement des tours, qui a remodelé implicitement le visage de la ville. Mais, plutôt que de se lamenter, comme LCD Soundsystem, de ce que NYC lui fait subir, El-P, lui, s’en sert plutôt comme d’une drogue cathartique pour mieux écrire, mieux composer. La brutalité de son disque, la crudité de ses paroles, la violence de ses arrangements : tout cela vient de là, des cicatrices de sa ville, qui ne sont pas prêtes de se refermer. Tout comme lui n’est pas prêt de se rendormir.
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