Si les Elderberries ne renient nullement leurs accointances heavy, ils en modernisent aujourd’hui les charpentes métalliques et mélodiques.
Diantre, les gamins de Clermont-Ferrand ont de la moustache désormais! C’est vrai que nous les avions quittés il y a deux ans à peine, encore verts mais déjà responsables, à défaut d’être adultes, d’un premier album plutôt brillant. De retour aujourd’hui, avec une extrapolation très élégante de l’épisode précédent, le Michelin City 5 valide tous les espoirs que nous avions accrochés à ses jeunes épaules.
Pourtant, voire paradoxalement, la première conclusion qui s’impose est un net rajeunissement des options de la nouvelle livraison. En effet, si Nothing Ventured Nothing Gained piochait dans les seventies naissantes la sève majoritaire de ses bombinettes heavy, Ignorance & Bliss puise plus en aval du temps les ingrédients d’une identité de plus en plus affirmée. Le ton reste certes dur et tranché. Ces Lost My Way ou We Should Be Running trouvent encore leurs fondations dans les atavismes musculeux hérités du parrainage de Led Zeppelin, AC/DC ou MC5, voire de Soundgarden pour leurs connexions grunge. Mais, It Doesn’t Really Matter et son intro façon Placebo ou le flottant Ungracious rappellent l’âge des garçons et leurs origines anglaises et canadiennes (sauf pour Yann, leur batteur auvergnat), condisciples du coup de la nouvelle école mélodique britannique.
Ce léger changement de registre n’entrave en rien l’aplomb et la rigueur du groupe. Bien au contraire, il en ravive la franche consistance et la pétulance. Comme si au fer s’était substitué un alliage à base d’aluminium : plus léger, plus brillant. La voix de Chris Bolton y fait encore des miracles de vieux briscard sur des ossatures joliment chromées par le travail de Steve Orchard (ingénieur du son de Coldplay, U2, Travis…). Après ses pneus et son rugby, Clermont-Ferrand peut maintenant exporter son rock’n’roll sans le moindre complexe, avec les mêmes gages de tenue de route et de puissance physique.