Iggy Pop revisite la chanson française, avec un accent à couper au cran d’arrêt. Critique et écoute.
Iggy chante Brassens, tel est le pitch de ouf de ce recueil de reprises ! Un peu comme si Stallone jouait dans le prochain Assayas ou que Snoop Dogg déclamait du Mallarmé. En fait, que l’ori(lance)flamme des Stooges reprenne des chansons douces n’est pas une surprise : il a toujours clamé son admiration pour Sinatra et sa voix vieillie en fûts de chaînes a souvent fait merveille sur les ballades, comme le montrait le bon Avenue B. paru en 1999.
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Ce qui étonne, c’est le choix de reprises françaises. La bite humaine de Detroit semble fredonner du Joe Dassin ou du Henri Salvador sans trop comprendre les paroles, façon touriste américain perdu dans Paris qui ahane phonétiquement une phrase apprise par cœur dans un guide.
Charmant, voire touchant, mais la torche du rock reste plus à l’aise et convaincante dans le répertoire américain et donne ici de belles relectures du Everybody’s Talkin’ de Fred Neil (mélodie imparable roulée dans un beau timbre de basse), du What’s This Thing Called Love de Cole Porter (idéal pour nuit consumée) ou du Only the Lonely de Roy Orbison.
Pendant si longtemps félin rugissant le plus féroce du rock, Iggy rentre les griffes et ronronne, pour un album profilé crooner, intimiste et inégal. Que reste-t-il quand on a tout brûlé, connu toutes les guerres, survécu à toutes les fournaises ? Quelques chansons dénudées, murmurées au creux de la nuit, pour accompagner le dernier verre, atténuer la fatigue d’avoir trop joui et trop vécu.
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