Un descendant virevoltant de Baden Powell, sidérant de virtuosité.
Au Brésil, Yamandú Costa, dont les mains dansent sur le manche de sa guitare avec la grâce d’une ballerine, est vite devenu la coqueluche des amateurs de cordes sensibles, enfin consolés de la disparition de Baden Powell. Enfant, il eut l’insigne privilège d’être initié à l’ivresse du nomadisme : son père l’entraîna deux années durant dans une captivante traversée du Brésil en mobil-home. Depuis, Costa ne tient plus en place. Avec sa guitare sept cordes, qu’accompagnent ici et là la contrebasse de Guto Wirtti et le violon du Français Nicolas Krassik, il avale avec une insatiable gourmandise les distances entre les genres, les idiomes et les rythmes qui constituent l’immense fonds populaire brésilien.
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Proche de la folie virevoltante du swing manouche, sa musique, tout aussi étourdissante lorsqu’elle s’abandonne à la griserie de la mélancolie (Se ela perguntar, Petite tristesse), est sans cesse arrachée à la poussière des folklores et à la pesanteur des clichés. Lorsqu’elle va plus vite que la musique qu’elle est censée porter, qu’elle la dépasse et la laisse en plan, la virtuosité n’est rien d’autre qu’un dérèglement pathologique du langage. Mais lorsqu’elle s’élève à un tel niveau d’élégance et d’intelligence, elle prend sa forme la plus pure : celle d’un juste affolement du cœur et d’une saine précipitation de la pensée.
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