Congelé l’Islande ? A d’autres. Chaque année à l’occasion de l’Iceland Airwaves, festival qui réunit artistes locaux et têtes d’affiches internationales, Reykjavik entre pendant 4 jours en ébullition. Récit.
Après la Quinzaine Islandaise en forme de mise en bouche idéale et illuminée par un très beau concert de Sigur Ros dans la grande halle de la Villette, inutile de dire qu’on crevait d’envie de découvrir d’un petit peu plus près la bouillonnante scène islandaise. Une scène, qui, longtemps résumée à Björk et ses Sugar Cubes, a, au fil des ans charrié quelques unes des plus belles petites perles pop contemporaines : Gus Gus, Sigur Ros, Mum, mais aussi Slow Blow, ou Mugison. Débuté tant bien que mal en 1999 dans un hangar, et non content d’avoir permis la révélation de Sigur Ros, le festival Iceland Airwaves est aujourd’hui devenu une institution, qui mixe artistes nationaux confirmés, jeunes espoirs et têtes d’affiches internationales, tout en conservant une ligne éditoriale assez pointue.
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Moins imposante sur le papier que les éditions précédentes (qui avaient vu défiler Fatboy Slim, The Rapture ou The Hives’), mais avec l’énorme avantage d’avoir été totalement recentrée sur cinq petites salles en plein c’ur de la ville qui auront permis de vivre au rythme de la folle capitale islandaise, l’édition 2004 n’en restera pas moins passionnante. Car on a bien vite compris, après avoir exploré les rues de la ville (ses boutiques arty chic, ses magasins vintage, ses 2 / 3 bons disquaires et ses innombrables bars), marché le long du port et été ébloui par la beauté de l’île, que l’attrait de ce festival ne se résumerait jamais à sa seule programmation.
Après avoir englouti quelques uns des meilleurs hot-dog de la ville (une véritable institution nationale) et bu quelques coups en compagnie de Bardi « Bang Gang » Johanson, on attaquait notre première nuit polaire par une soirée spéciale consacrée au label Domino. Et si on fut convaincu par les live de To Rococco Rot, Hood ou du petit prodige de l’electronica britannique Four Tet (livrant une prestation de haute volée, réussissant haut la main l’adaptation live des ritournelles martiennes de son superbe Rounds), la première claque du festival aura été sans conteste celle, islandaise, donnée par Slow Blow. Cousin nordique de Giant Sand et de Low, le duo islandais, auteur de la superbe B.O. de Noi Albinoi a enchanté le public avec sa country pop ciselée et enivrante.
Le lendemain, après une visite du Klink & Bank, ancienne usine à l’abandon devenu un incroyable lieu de la création islandaise (5000 mètres carrés et 150 artistes, dont Gus Gus ou Trabant, se partagent le bâtiment), on commença la soirée aux rythmes electro-pop surannés du Phil Spector local, alias Bardi Johanson, avant de se mettre à genoux devant Kid Koala. En une toute petite demi-heure, le gamin canadien aux trois platines livra un set d’une rare élégance, incorporant dans son jip-hop quelques touches du Close to me de Cure ou, Islande oblige, du Homogenic de Björk .
C’est quelques heures plus tard , dans la petite boite Kapital, qu’on alla à la rencontre du clubbing islandais. Le Dj local s’appelle Thor, et c’est un viking. Une heure de pillonage en règle (Manu Le Malin ou Torghull peuvent séance tenant préparer leur DJ-bag et prendre le premier avion pour Reykjavik), qui contraint Muriel Moreno à rétablir l’ordre à coups de maxis Gigolo et Goodlife avant de pouvoir repartir sur des tempos plus electro mais toujours dark.
Samedi, dernier jour du festival. Après quelques heures à barboter dans le Blue Lagoon, une incroyable source chaude à une demi-heure du centre ville, on attaqua la nuit avec l’excellent concert de la bête de scène locale, Mugison, qui oscilla entre rock séminal et electronica foutraque. Prometteurs, les new-yorkais new-wave et décadents de The Bravery (qui se produiront au festival des Inrocks) chauffèrent la salle pour Trabant, un groupe de glam rock islandais totalement barré. Avec regret, et en tentant tant bien que mal de se frayer une voie dans l’avenue principale de Reykjavik devenue en quelques heures le siège d’une incroyable orgie, on quitta la ville au son des impeccables Gus Gus qui régnèrent une nouvelle fois en maîtres sur le dancefloor.
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