Le cinéma, IAM aime. Akhenaton nous livre ici sa cinéphilie personnelle, plutôt populaire qu’auteuriste, plutôt Leone que Doillon, plutôt Gabin/Ventura que Poupaud/Amalric.
« A la vue de nos clips, on peut voir que le cinéma tient une place importante dans notre vie et en général. Quand j’étais gamin, je regardais beaucoup de péplums. Et petit à petit, je me suis mis à apprécier tous ces vieux films français avec Lino Ventura, Bernard Blier, même les Louis de Funès. Je trouve qu’ils avaient quelque chose que le cinéma français a perdu, ils savaient raconter une histoire, mener un suspense, comme Le Deuxième souffle, Les Tontons flingueurs… A l’époque, les films américains et français avaient le même grain d’image à la limite, tu coupais les voix et tu ne savais pas où le film avait été fait. Aujourd’hui, les films américains ont une dimension que n’ont pas les films français. Quand je dis que le cinéma français a perdu quelque chose, je pense qu’il est tombé dans un mouvement d’analyse de personnages, de caractères, mais à huis clos. Il est tombé dans la pièce de théâtre, où il l’aime, elle l’aime et gna-gna-gna… Plus tard, je me suis plus attaché aux Sergio Leone. Le Bon, la brute et le truand est mon film de référence. C’est le plus grand film de gangsters jamais fait, même si c’est un western. »
« Petit, j’allais peu au cinéma parce que j’habitais loin du centre. Adolescent, j’habitais près du centre mais je n’avais pas l’argent ; je voyais les films à la télé ou en cassettes vidéo. On allait chez le pote qui avait le magnétoscope… A part Le Bon, la brute et le truand, j’aime les films italo-américains, Scorsese, Coppola. J’ai adoré Apocalypse now, les Scarface, les Parrain ou encore des films politiques comme Z. Il était une fois le Bronx m’a beaucoup touché parce qu’il y a des subtilités, ce petit qui grandit avec des exemples de truands dans le quartier. Je peux rapprocher ces situations américaines de Marseille. Il n’y a pas les mêmes problèmes entre Italiens et Noirs, mais à l’époque à Marseille, les quartiers italiens étaient des ghettos. Je pense que tous les gosses se font un film dans la tête, on a tous des références cinématographiques qui influencent plus ou moins indirectement notre vie. On en avait parlé dans La 25ème image. »
« Marseille est une ville à part, elle a un côté « étranger » par rapport à la France. Il y a une lumière extraordinaire c’est étonnant qu’il ne s’y tourne pas plus de films. Regarde l’image de Bye-bye, de Karim Dridi : elle est magnifique. On a des projets de films, avec un ami qui s’appelle Kamel. On coécrit tout ensemble, on a presque fini. On n’a pas les budgets c’est pas grave, on le fera avec nos petits moyens. J’aime que les clips suivent vraiment ce qui est dit dans les chansons. C’est vrai que le clip peut tuer l’imaginaire lié à la musique, mais je pense qu’on peut réussir quand même à faire des choses qui satisfont à la fois la musique et l’imaginaire. Si Bad boys a bien marché, je pense que c’est grâce au clip… Faire un film va me permettre de développer une histoire. On ambitionne de suivre un peu la trace d’Il était une fois en Amérique, mais à la française : ça se passera durant un été et ce sera assez proche de la réalité, pas trop dans l’esthétisme. Mais comme on a une culture musicale, il y aura peut-être des séquences un peu clip à l’intérieur du film. J’ai remarqué aussi que Scorsese alterne les scènes de baston avec les chansons d’amour et je trouve ça génial. Chaque gamin de France a rêvé au moins un jour d’être américain, c’est obligé. Pour mon film, j’aimerais faire jouer de vrais mecs, pas des acteurs professionnels. Et peut-être aussi, à leurs côtés, un grand acteur. »
« Tu ne peux pas accéder au cinéma comme au rap. Le cinéma, ça nécessite des budgets, des équipes. Mais ça commence quand même. Je suis un peu ce que font des gens comme Malik Chibane : c’est une fenêtre dans ce qui s’est fait depuis une quinzaine d’années en France. C’est une sorte de relève, mais il ne faut pas qu’il n’y ait que ça, il faut que le cinéma soit diversifié, que d’autres genres comme le thriller se développent. C’est vrai que la réalisation peut intimider, mais je n’ai pas envie de me laisser poser des barrières par la technique… Dans Reservoir dogs, il y a une horloge qui régit tout le film, c’est la flaque de sang du mec qui grandit au fur et à mesure : c’est génial, j’adore ce genre de détail. »
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