Supergrass redécouvre l’urgence et les mélodies dans un fou rire bienfaiteur. Contrairement aux bons disques, musicalement corrects, trop nombreux au fil des mois pour qu’on s’y attache pleinement, le premier album de Supergrass est une verrue qui fait tache. Impossible de le louper. Depuis que leurs trois trombines infernales squattent la une du NME, on […]
Supergrass redécouvre l’urgence et les mélodies dans un fou rire bienfaiteur.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Contrairement aux bons disques, musicalement corrects, trop nombreux au fil des mois pour qu’on s’y attache pleinement, le premier album de Supergrass est une verrue qui fait tache. Impossible de le louper. Depuis que leurs trois trombines infernales squattent la une du NME, on a du mal à remettre un visage sur le reste de l’Angleterre. Caught by the fuzz et Mansize rooster, deux singles pétards à mèche, ont suffi à faire oublier que les Stone Roses avaient finalement sorti un second disque. Chez les filles aussi, face aux plastiques irréprochables de certaines, les bécasses aux charmes un peu vulgaires jouent crânement leur chance dès qu’il s’agit de passer à l’acte. Combien de supposés bons disques vont accumuler la poussière sur les étagères tandis que I should coco ne quittera plus la platine ? Depuis quand n’avions-nous plus vu débarquer pareils déconneurs ? Depuis les Buzzcocks ? Madness ? Gruppo Sportivo ? Admettons que les Frank & Walters furent les derniers à nous éjecter aussi brutalement du fauteuil, à débloquer d’un coup cet enthousiasme d’ordinaire si long à démarrer. Dans le genre, Supergrass est un turbo, un détonateur atomique, un point G. D’accord, Coco cocotte un peu, Gaz et les siens lâchent sans relâche des effluves plus charnels que Chanel, mais jouer les esthètes serait vraiment malvenu. Le cirque ininterrompu du trio d’Oxford, leur irrévérence potache qui les absout par avance de toute accusation passéiste, donne à leur album cet air turgescent des fêtes foraines : ça clignote dans tous les sens, ça va à toute allure, on s’y gave de sucreries et on y fait deuil de sa dignité pour s’adonner quelques instants une trentaine de minutes à peine à des plaisirs un peu honteux. Comparé à Wire ou Magazine, grands frères indiscutables mais qui prenaient leur rôle très au sérieux, Supergrass en est encore aux babillages de sales morveux. Ils collent un chapeau pointu à Lennon, un nez rouge à Bowie, le sourire abruti des Rubettes à Paul Weller. Et ça les fait rire. Ce sont peut-être eux, les clowns immatures, qui écrivent l’histoire la plus urgente. En temps de crise, lorsqu’un vent de morosité rend l’atmosphère trop lourde, rien ne vaut une bonne blague Supergrass.
{"type":"Banniere-Basse"}