KRS One, Two & Three. Toujours humble, le philosophe du hip-hop l’affirme sur cet album kaléidoscope : “Je suis numéro un. Et deux et trois.” Alors que le rap, ingrate progéniture, rogne chaque jour davantage le cordon ombilical le reliant à sa culture originelle, qui se soucie encore du hip-hop ? KRS One, bien sûr, […]
KRS One, Two & Three. Toujours humble, le philosophe du hip-hop l’affirme sur cet album kaléidoscope : « Je suis numéro un. Et deux et trois. »
Alors que le rap, ingrate progéniture, rogne chaque jour davantage le cordon ombilical le reliant à sa culture originelle, qui se soucie encore du hip-hop ? KRS One, bien sûr, toujours en première ligne pour délivrer la bonne parole. Philosophe autoproclamé du hip-hop, il est depuis dix ans, à l’égal d’un Chuck D, une source inépuisable d’inspiration pour toute la nation rap : peu importent ses contradictions, ses revirements et son arrogance légendaire, il demeure une institution inébranlable. « Je suis le hip-hop », claironnait-il hier, suscitant controverse et quolibets. Il rectifie aujourd’hui dès les premières secondes de son neuvième album : « Vous ne faites pas du hip-hop, vous êtes le hip-hop, aimez-vous vous-mêmes et votre moyen d’expression, vous ne pouvez pas vous tromper. » Comme dans la chanson de Mary Poppins (« Le sucre aide à faire avaler le médicament »), le vieux renard a compris depuis belle lurette à quel point la potion de son message didactique réclamait des breaks & beats attrayants pour être avalée avec plaisir d’où son concept d’edutainment, contraction d’éducation et d’entertainment. Centrée sur ses thèmes favoris unité, paix, créativité, confiance et respect mutuels , la leçon du maître mène pourtant cette fois en terrains inattendus, notamment sur celui de l’instrumentation live. Sur deux titres placés en bout de course, KRS One visite ainsi le jazz le poétique et chaloupé Over ya head et le rock Just to prove a point, digne des saignants Body Count. Enivrant kaléidoscope, cet album embrasse tous les styles avec naturel : ce n’est pas au parrain que l’on apprend les ficelles du bonneteau. La relecture du mythique Rapture de Blondie (hommage au hip-hop balbutiant à l’aube des années 80) côtoie ainsi l’incursion dance-hall de I got next et son beat basé sur le clic-clac d’une vieille machine à écrire, le climat old-school fêtard de Heartbeat, le discutable Come to da party et son choriste cloné sur Terence Trent d’Arby, jusqu’à la tonalité très (trop ?) Wu-Tang de Can’t stop, won’t stop produit par DJ Muggs (de Cypress Hill). Mais c’est aux deux tours de force signés Showbizz (de Showbizz & AG) le splendide A Friend et le sautillant Blowe avec Redman que l’on décernera la médaille officieuse de cet album. Car à qui d’autre qu’au croisé du hip-hop pourrait-elle aller ? « Je disais que j’étais numéro un mais j’ai menti, reconnaît KRS One sur Step into a world, je suis le numéro un, deux, trois, quatre et cinq. » On ne se refait pas.
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