Sûr, Nas ne le reconnaîtra jamais ouvertement. Pourtant, il faudrait être sourd pour ne pas entendre ce que dit clairement son troisième album : Nas voudrait faire oublier ses compromissions et rayer de la carte son projet nauséabond The Firm avec Foxy Brown, AZ et Nature. En bref, récupérer la lourde couronne de lauriers que […]
Sûr, Nas ne le reconnaîtra jamais ouvertement. Pourtant, il faudrait être sourd pour ne pas entendre ce que dit clairement son troisième album : Nas voudrait faire oublier ses compromissions et rayer de la carte son projet nauséabond The Firm avec Foxy Brown, AZ et Nature. En bref, récupérer la lourde couronne de lauriers que lui avait value sa première salve, le magistral Illmatic, entré directement dans la légende en 1994. A l’époque, chaque couplet de ce MC bouleversant de 20 ans étant une leçon d’excellence, tous les imposteurs du rap avaient fait leur signe de croix. Deux ans plus tard, les puristes du hip-hop avaient grimacé devant les trahisons stratégiques dont It was written faisait déjà preuve, mais le grand public n’en avait eu cure, confortant Nas dans sa nouvelle orientation matérialiste. Jusqu’au flop magistral de The Firm. Depuis, les regards de doute et les reproches voilés ont dû poursuivre le rapper du Queens jusque dans ses rêves. Pourtant, Nas n’est pas encore prêt à battre sa coulpe
en public pour retrouver son odeur de sainteté. Juste à ressusciter ses hauts faits d’armes en intro grâce à un medley nostalgique. Puis à défier les mauvaises langues en clamant « Vous pouvez me haïr maintenant » aux côtés de l’homme le plus décrié du rap, Puffy lui-même ? un titre pompier d’une médiocrité accablante. Enfin, à se réclamer des deux mythes disparus Biggie et Tupac (We will survive)une façon de se placer à leur hauteur, en messie sous-estime – et à avec deux autres poids lourds croiser le fer adroitement du rap (DMX et Scarface). Alors qu’il lui avait suffi d’un seul titre parti en éclaireur – Nas is like, une pépite signée de l’immense DJ Premier, fidèle de la première heure – pour raviver nos plus fols espoirs et obtenir l’absolution de tous ses péchés, Nas a voulu à nouveau s’entourer d’une pléiade de producteurs en vue (Timbaland, Trackmasters…).
Las, excepté sur une poignée de titres (Small world, We will survive, Money is my bitch, Undying love), leur style surmusclé anéantit grossièrement les subtilités du MC, faisant sonner Nas comme n’importe quel rapper croisé sui la FM américaine en 1998. La résurrection n’est pas pour cette fois. Faudra-t-il d’abord effectuer un chemin de croix ?