Chef-d’œuvre épique pour ces Japonais qui rêvent de grands espaces.
Ne perdons jamais de vue qu’à l’origine, pour son premier album en 2001, ce quatuor tokyoïte fut enrôlé par John Zorn sur son label Tzadik. Et que le même Zorn fut parmi ceux qui contribuèrent à décloisonner la musique d’Ennio Morricone de sa prison cinématographique pour lui conférer cette dimension universelle d’œuvre à part entière, l’une des plus puissantes et magistrales du XXème siècle. Des années plus tard, le post-rock dans son acception la plus large – de A Silver Mt Zion à Earth – aura persisté à faire des horizons morriconiens cet Eldorado où l’on s’abandonne en quête d’infinitude et d’éblouissements. Avec ce cinquième album d’une beauté à couper le souffle, Mono réalise peut-être le plus grand disque jamais inspiré par ces grandioses latitudes, célébrant comme le fit jadis son modèle italien les noces tumultueuses entre guitares électriques et grand orchestre lyrique, avec un Steve Albini en état de grâce au manettes et pas moins de trente concertistes en pleine béatitude chargés d’amortir les décharges métalliques de ces Japonais plus ravageurs qu’un tsunami. De ces sept longues plages où sans cesse alternent les orages et les accalmies, l’emballement sonique et la majesté mélodique, il y aurait évidemment de quoi faire un film inoubliable. Faute d’un Sergio Leone disponible, on se contentera de le rêver.
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