Dix-septième album pour l’infatigable Américain, qui recycle toujours les sons de sa jeunesse sans perdre ni sa verve politique ni son indécrottable romantisme.
C’est la house percutante, sous influence 90’s, d’All Morningside, qui ouvre cet album aussi ambivalent que sa pochette, où l’on voit un ciel bleu dévoré par ce qui pourrait bien se transformer en ouragan. Alors qu’en 2018, il nous assurait que Everything Was Beautiful and Nothing Hurt dans un contexte sonore mélancolique, il semble introduire davantage de lumière. Aussi superficielle soit-elle puisque Moby convoque les pistes de dance d’une autre époque, l’âge d’or des raves où il œuvrait comme DJ à New York, puriste encore rongé de doutes existentialistes. Si, sur One Last Time, on retrouve les nappes synthétiques qui ont fait sa gloire avec Play (1999), ce sont la techno, le post-disco et la house qui nourrissent All Visible Objects. Ou un piano minimal que l’on écoute, entre autres, sur Separation.
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Des bénéfices reversés à des associations caritatives
Petite coquetterie : une reprise de Roxy Music, My Only Love… Elle s’inscrit au sein d’un corpus où l’amour semble être le seul grand remède (Rise Up in Love, Forever) dans un monde où l’on ne peut plus ne plus s’engager. Le militantisme n’est plus une option depuis longtemps pour Moby. Dans Refuge, il martèle sans discontinuer : “To us who were of necessary birth, for the earth’s hard and thankless toil, silence has no meaning” (“Pour nous qui devions nécessairement naître, pour le dur et ingrat labeur de la planète, le silence n’a pas de sens”).
Même procédé pour Power Is Taken, où il scande son besoin de combattre l’oppression. Même si c’est sans doute trop tard. C’est ce que sous-entend le poignant Too Much Change, situé quelque part entre ambient, new-wave et electro-jazz, introduit par le seul piano et incarné par le timbre suave d’Apollo Jane. Il y est question d’être littéralement dépassé par les événements si l’on ne décide pas de s’y opposer publiquement.
Pas de posture ici : fidèle à ses habitudes, le musicien reverse les bénéfices d‘All Visible Objects à des associations caritatives pour l’écologie, les droits humains et animaliers telles Brighter Green, Mercy for Animals, Humane League et International Anti-Poaching (des rangers anti-braconnage), Rainforest Action Network ou encore Extinction Rebellion – dont le nom aurait pu aussi être celui de ce nouvel album, qu’on ne s’attendait pas à apprécier autant. Si l’on partage et soutient les combats de Moby, certains de ses disques sont plus attachants que d’autres. C’est le cas d’All Visible Objects, où on ne voit l’essentiel qu’avec le cœur.
All Visible Objects Little Idiot/Because
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