Avec ce troisième disque en forme d’album souvenirs, la songwriteuse confirme qu’elle est une des voix essentielles du rock contemporain.
Tous·tes les mélancoliques le savent : il n’y a rien de plus doux que le goût d’un souvenir qui pique un peu. Troisième album de Lucy Dacus, Home Video se rue dès son emballante ouverture (Hot and Heavy) sur d’astringentes plaies adolescentes. S’ensuit une collection de mémoires filtrées, à l’instar du Silver Gymnasium (2013) d’Okkervil River, mais sur un mode plus directement personnel – chaque chanson renvoyant ici à un souvenir autobiographique.
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Comme cette relation toxico-gothique vécue dans un camp scout que raconte l’extraordinaire VBS. Une splendeur pop derrière laquelle le disque reprend son souffle avec des morceaux qui se dépouillent des oripeaux rock, comme la ballade folk Going Going Gone et ses belles harmonies, où se mêlent les timbres des consœurs Julien Baker et Phœbe Bridgers. Au cœur de ces titres brille Thumbs en joyau noir, morceau longtemps réservé aux moments intimes des concerts de Lucy.
Ailleurs, dans cette même veine de confidence, elle évoque son amitié pour Christine, magnifique portrait d’une femme sur le point de passer à côté de sa vie. L’album le plus doux de sa jeune discographie redevient expansif avec le lyrisme autotuné de Partner in Crime – on s’y grime pour séduire, justifiant l’artifice vocal.
Disque de groupe, Home Video met tour à tour en lumière guitares ou claviers avec une discrète subtilité. Sous sa pochette qui place en vis-à-vis l’impermanence de l’être et la mise en scène de nos nostalgies, Lucy Dacus parvient, d’un même geste, à saisir aussi bien l’une que l’autre.
Home Video (Matador/Wagram). Sortie le 25 juin
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