Renouant avec son songwriting originel après quatre ans d’absence, E livre un septième album touchant, porté par une brochette de ballades intimes.
La dernière fois qu’il nous avait conté fleurette, en pleine promotion de son double album Blinking Lights and Other Revelations, E avait moyennement convaincu : las et visiblement fatigué, l’Américain semblait désireux de passer à autre chose, après six albums et dix ans de loyaux services au sein de Eels. Ce qui, réuni, n’a pas dû être de la tarte tous les jours : cancer de sa mère, suicide de sa soeur, dépression…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Quatre années ont passé depuis ce drôle de double disque, le temps pour Mark Oliver Everett d’aller s’aérer les neurones et se laisser pousser la barbichette – il l’arbore désormais fièrement, longue et dense, et même Sebastien Tellier peut aller se rhabiller à Biarritz en été. “Je suis le loup-garou”, prévient-il dans la langue d’Almodóvar (Hombre Lobo), et la séduction opère d’emblée : c’est quand on le sait loin des gros studios de requins, associable, sauvage et très seul dans sa tête qu’on préfère E depuis le début – sa barbe de cent vingt jours est donc une bonne nouvelle sur le papier.
Sur le disque aussi d’ailleurs : bien qu’inégal, ce septième album a au final peu à voir avec son prédécesseur, et renoue par moments avec le songwriting impeccable de Beautiful Freak. De That Look You Give That Guy à In My Dreams ou The Longing, Everett enchaîne des ballades sobres et douces, et déballe une écriture humble et toujours très personnelle – ça ne ressemble à rien, ça ne ressemble qu’à Eels –, évitant soigneusement le tapage et les artifices. Quelques passages bruyants (Tremendous Dynamite) ont beau s’être immiscés, l’ensemble, porté également par une poignée de pop-songs groovy sur lesquelles n’auraient pas postillonné Beck (Fresh Blood, Lilac Breeze), mérite qu’on souhaite encore un avenir heureux à notre ami le disque.
{"type":"Banniere-Basse"}