La plasticienne des sons explose tous les codes de la musique électronique. Critique et écoute.
Le deuxième album en nom propre de cette fille du Tennessee – désormais installée à San Francisco – correspond point par point au parcours de la jeune femme : voix d’ange dans des chœurs d’églises son adolescence durant, et découverte sur le tard des joies et des vicissitudes de la technologie. Le disque prend donc son envol (de Kraftwerk à Björk en passant par Laurie Anderson, on pourra éventuellement se raccrocher à certaines lianes) dans un univers mystérieux et onirique, où chants grégoriens croisent avec psalmodies amérindiennes et boîtes à rythmes passées à la moulinette du phasing.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Et la musicienne, qui trimballe manifestement un orchestre au grand complet dans sa tête, tient tout du long à bout de bras le concept d’une étrangeté parfaitement intime, et parfaitement éblouissante, déployant en dix pièces la scansion d’une techno en hachures, chansons traditionnelles ou atmosphères glacées, harmonies acoustiques ou chant murmuré. Et ce n’est pas un mince exploit que Platform – conçu avec quelques amis musiciens certes, mais également des écrivains et autres vidéastes – puisse triomphalement revendiquer, dans ces contrastes même, une totale cohérence. Entre lyrisme computérisé et technologie organique, la musique du futur, aujourd’hui.
{"type":"Banniere-Basse"}