Après la faillite de Virgin, c’est au tour de l’enseigne britannique HMV de connaître les mêmes difficultés. Une nouvelle dont les disquaires indépendants ne tirent aucune satisfaction.
Les temps sont durs pour les grandes chaînes de disquaires, après la faillite de Virgin en France, ce fut autour de la célèbre enseigne britannique HMV de déposer le bilan le 11 janvier. Disquaire historique outre-manche, le groupe ouvrit son premier magasin en 1921, dans le centre de Londres. Depuis le disquaire s’était mue en un géant de 223 magasins et de 4000 salariés à travers l’Angleterre. Mais HMV n’aura pas résisté à l’effondrement du marché du disque et à la crise économique. La chaîne avait pourtant passé toutes les révolutions du secteur, mais elle n’a pas su faire face à l’ère du tout numérique.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour Geoff Travis, le fondateur de Rough Trade, le label indépendant qui a découvert The Smith (1983) et The Strokes (2000), la fin d’HMV ne doit pas marquer la fin des disquaires au contraire.
« Je crois en un rapport tactile avec un produit musical. J’entends par là, la musique physique. C’est une grande raison pour laquelle il y a un tel réveil du vinyle, explique le manager dans un entretien au journal The Independent. Les gens vont dans un magasin pour acheter quelque chose qu’ils connaissent, puis choisissent finalement d’acheter quelque chose de nouveau. Si ce magasin n’est pas là, cela ne va jamais arriver. »
Travis y croit dur comme fer, l’absence de grande chaîne, une possibilité de renouveau pour les disquaires indépendant.
En France, les premiers à évoquer un bienfait pour les disquaires indépendants dans la fermeture de Virgin, sont certains de ses propres salariés. Comme Maëlle, que nous avions rencontré lors de la manifestation des salariés du Virgin megastore des Champs-Elysées. « J’espère au moins que la disparition de Virgin profitera un peu aux disquaires indépendants », nous avait-elle confiée.
« Il n’y a pas de quoi se réjouir »
Pourtant, pour Franck Pompidor, responsable des magasins Ground Zéro et Nationale 7, à Paris, la fermeture de Virgin n’aura pas d’impact sur sa clientèle. « Il n’y a pas de quoi se réjouir, explique, un brin dépité, le disquaire. La mort d’une enseigne culturelle comme Virgin ne peut être une bonne chose pour nous, car elle fragilise l’ensemble du marché de la musique et les labels. »
La crise du marché du disque n’épargne pas les disquaires indépendants, tout secteur confondu, les ventes ont chuté de 14,3% en 2012, selon le syndicat national de l’édition phonographique (Snep).
« Nous connaissons les mêmes difficultés que Virgin dans le secteur du CD, admet Franck Pompidor. Il y a huit ans, on vendait 30% de vinyle et 70% de disques. Maintenant, c’est l’inverse. Il faut le dire, les disquaires indépendants survivent, il n’y a pas vraiment de renouveau. »
Un constat amer, mais représentatif de la situation du secteur. En 20 ans, près de 90% des disquaires indépendants ont disparu selon le Club action des labels indépendants français (Calif). Si le secteur connaît une amélioration depuis quelques années, c’est uniquement grâce au retour en force du vinyle. David Goderais, directeur de Calif et organisateur du Disquaire Day, n’imagine pas non plus un renouveau des disquaires après la fin des grandes enseignes culturelles.
« Le modèle du Virgin mégastore n’est plus adapté, explique David. Compte tenu de la révolution numérique, le positionnement des grandes enseignes de musiques était un peu obsolète. Il n’y a pas de plus-value à acheter son disque dans la grande distribution par rapport à internet. »
Cette plus-value est la marque de fabrique des disquaires indépendants qui mettent en avant leurs connaissances musicales et leurs conseils. « Comme dans pas mal de secteur, les gens cherchent un retour au commerce de détail, poursuit le directeur du Calif. Ceux qui franchissent nos portes sont des mélomanes qui veulent rencontrer des spécialistes et des passionnés. Mais il faut le reconnaître, la vente de vinyles reste une niche pour des personnes qui aiment l’objet autant que la musique. »
Le piratage sur internet ? Un faux problème pour David Goderais. « On a poussé les gens à la piraterie en les prenant des billes et en pratiquant une politique des prix scandaleuse. Un disque qu’on a acheté 15 euros en janvier, se retrouve à 5 euros en mars. C’est normal que le public prenne les magasins pour des escrocs !«
{"type":"Banniere-Basse"}