Irrésistible en single Popular, bientôt sur toutes les ondes , le punk débraillé de Nada Surf peine dans les côtes d’un album. Au milieu des années 70, les campus américains inventaient le college-rock, vaste abstraction aux contours fluctuants. Par son gigantesque réseau de radios et de fanzines, la nation étudiante permettrait l’éclosion de groupes […]
Irrésistible en single Popular, bientôt sur toutes les ondes , le punk débraillé de Nada Surf peine dans les côtes d’un album.
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Au milieu des années 70, les campus américains inventaient le college-rock, vaste abstraction aux contours fluctuants. Par son gigantesque réseau de radios et de fanzines, la nation étudiante permettrait l’éclosion de groupes d’abord boudés par les diffuseurs classiques Talking Heads, Replacements, REM, plus récemment Pearl Jam , devenant du même coup le contre-pouvoir à l’esprit jeune fustigé par le Smells like teen spirit de Nirvana. En 96, alors que l’on aurait juré le college-rock moribond ou pis : tombé sous le joug des grosses maisons de disques , le succès outre-Atlantique de Nada Surf réveille quelques souvenirs. Le schéma est classique : un trio d’étudiants se forme sous un pseudo provisoire, enregistre une première demo, la confie à un copain programmateur de radio. Puis l’affaire s’emballe et un an plus tard, une de ces bonnes vieilles chansons composées entre matheux réfractaires dans l’allégresse d’une nuit devient le titre le plus diffusé sur les radios américaines toutes catégories confondues. Entre-temps, la surpuissante Elektra a repris le dossier en main et les trois gratte-papiers ont quitté la fac. Evidemment, il serait passablement utopique de chercher sur High/low, le premier album de Nada Surf, autre chose qu’un enthousiasme bon enfant et une prédominante légèreté de propos. Même l’adoption du projet par l’ex-Cars Ric Ocasek producteur appelé à la rescousse n’aura pas suffi à donner à Nada Surf la contexture d’un groupe bâti pour durer. Mais peu importe, le dessein du trio new-yorkais est tout autre. A titre d’exemple, l’hymne Popular, petit manuel illustré du college-rock : une mélodie enivrante, tournicotante, pas tombée de la dernière pluie, mais suffisamment robuste pour s’inscrire dans toutes les mémoires. Un gimmick vocal roublard et infaillible (couplet parlé, refrain chanté) fera le reste et tant pis pour le raffinement et l’imagination, deux préceptes au rancart de ce rock à combustion instantanée. Avec trois ou quatre refrains de cette trempe, Nada Surf pourrait facilement s’imposer en inféodé de Green Day la présumée colère en moins, l’imprécision juvénile en plus. Mais perdu dans un High/low mélodiquement trop faiblard et rythmiquement trop lourd pour les concours de punkitude, l’indélébile Popular ne brillera guère que comme la précaire étincelle d’un pétard au destin couru d’avance.
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