A force de les canoniser à longueur de numéros sur les trésors cachés de l’histoire de la pop-music, on en oublierait presque que le Blue Nile reste en activité. Certes, le rythme du groupe quatre albums en plus de vingt ans de carrière ? ne contribue pas à sa visibilité. C’est donc chez leurs disciples […]
A force de les canoniser à longueur de numéros sur les trésors cachés de l’histoire de la pop-music, on en oublierait presque que le Blue Nile reste en activité. Certes, le rythme du groupe quatre albums en plus de vingt ans de carrière ? ne contribue pas à sa visibilité. C’est donc chez leurs disciples ? une vaste partie de la pop ambiante et mélancolique, de Massive Attack à Swayzak ? que l’on entend le plus souvent parler de ces Ecossais discrets et maniaques. Car s’il a fallu huit ans depuis le dernier et décevant Peace at Last, ce n’est pas par coquetterie ou pour raison de tournée éreintante : le groupe de Paul Buchanan vit hors des schémas industriels de la pop, ne voyant pas pourquoi il faudrait se presser, tourner, sortir une chanson avant d’en avoir tiré le maximum, avant d’en avoir déduit tout superflu. C’est à ce prix, patient, méticuleux, obsessionnel, que se gagne la simplicité de ces chansons en voltige.
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Car rien n’a changé dans le décorum : même grandeur amochée, même mélancolie tenace, même paix lumineuse, même lyrisme dramatique ? et même épure. Comme chez The Streets ou Ken Loach, la voix plaintive et poignante de Paul Buchanan raconte les quotidiens horizontaux des provinces d’Angleterre, mais avec une puissance onirique qui fait immédiatement décoller cette banalité de ses trottoirs, plages désertes ou intérieurs moquettés. Une musique d’apparence glacée, nature morte et pourtant agitée d’une âme tourmentée et captivante. « Let me be your soul boy« , susurre l’Ecossais. Et une fois encore, on ouvre en grand la porte à son spleen cosy, à sa nostalgie envahissante.
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