Septième album ouvert sur le jazz des stars californiennes du reggae roots.
Voici exactement l’album que l’on pourrait aborder avec suspicion du fond de son hamac estival. Certes, Harrison Stafford, chanteur leader de Groundation, groupe de rastas californiens blancs, a énormément écouté Bob Marley et Israel Vibration. Mais ce barbu souriant croit désormais davantage à son groupe (de reggae roots gorgé de spiritualité) qu’à sa propre voix, offrant ici et à plusieurs reprises, le chant à quelques invités de luxe : ainsi, Pablo Moses, ou les très vénérables Congos, apportent avec bonhomie la caution historique d’un idiome qui se teinte, en outre, de savoureuses colorations jazz construites autour des instruments de Marcus Urani, claviériste extraordinaire. C’est là que Groundation, groupe intuitif, improvisateur et ouvert sur un rythme caoutchouteux caractéristique du genre, trouve son nouvel élan. Le jazz cool de la Baie épouse en joie et déhanchements sensuels le jeu à contretemps de la guitare rythmique, riche d’une spiritualité harmonique aujourd’hui proche de la perfection. La rauque intervention du trombone de Kelsey Howard dans So Blind, le chorus du saxophoniste Dr. Jason Robinson (dans un rageur Time Come, bien éloigné du reggae délétère mainstream) montrent que les Américains ont cette fois judicieusement choisi d’instrumentaliser leur musique. Et font de Here I Am le meilleur album du combo, et, partant, l’une des productions reggae les plus affriolantes du moment.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}