Les Bristoliens de Dragons ne se sont à l’évidence jamais remis de la mort par pendaison de Ian Curtis, retournant dans tous les sens les deux vrais albums de Joy Division pour y chercher une piste, une réponse, une lumière.
Et ils ont entendu, d’outre-tombe, la voix à suivre : “Je cherche un guide/Qui me prendra par la main.” Et l’ont pris à deux mains, à pleines mains. Ces dernières années, des Killers aux Editors, d’Interpol à The Bravery, on a beaucoup profané la tombe d’Ian Curtis – et encore : on ne parlait pas encore du biopic.
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Avec Dragons, on passe à l’échelle supérieure : à la minutieuse reconstitution historique, au tribute band maniaque – on vous épargnera les diagnostics psychiatriques d’un aussi consciencieux dédoublement de personnalité. Car de la voix saccadée et affolée aux batteries enregistrées au fond d’un gouffre, de la basse guerrière aux guitares crispées, tout semble ici avoir été enregistré, dans l’urgence et l’affolement, par le grand manitou Martin Hannett. Le pire, c’est que l’illusion fonctionne, comme ces quelques instants du film 24 Hour Party People où se mêlaient les images d’archives de Joy Division live et celles d’un groupe d’acteurs mimant le même titre. Chaque chanson, des anxieuses et tendues aux angoissantes et contemplatives, fait ainsi écho à un morceau précis de Closer ou Unknown Pleasures.
On pourrait en rire, si seulement cet album finalement assez convaincant (pour qui n’a pas connu les épisodes précédents) ne se jouait à ce point dans le noir. Ce duo n’aurait jamais dû s’appeler les Dragons, mais les caméléons. Mais The Chameleons, c’était déjà pris, par un groupe qui singeait lui aussi Joy Division.
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