Même ses plus farouches supporters en conviennent : la carrière solo de Paul Weller est un désastre. Heavy Soul, son dernier magma bluesy électrique de 97, ne laissait poindre aucun signe d’espoir ; la maladie wellerienne était alors à son comble, contaminant une partie de la pop britannique et affichant des symptômes d’une gravité extrême […]
Même ses plus farouches supporters en conviennent : la carrière solo de Paul Weller est un désastre. Heavy Soul, son dernier magma bluesy électrique de 97, ne laissait poindre aucun signe d’espoir ; la maladie wellerienne était alors à son comble, contaminant une partie de la pop britannique et affichant des symptômes d’une gravité extrême : alourdissement des guitares, gonflement des vocaux, relâchement général des chairs, appauvrissement des mélodies, claptonisation de tous les organes vitaux. Mais voilà qu’après avoir soldé le compte de ses quatre premiers et pitoyables efforts solo, Paulo se remet à écrire des chansons et laisse un peu de côté ses gros godillots british blues pour glisser dans les ballerines en toile du folk anglais. La hargne à nouveau rentrée, concentrée et concentrique de Weller, s’accommode particulièrement bien des climats flottants des subtils Frightened ou Sweet Pea, my sweet pea, dominés par les guitares acoustiques et les pianos ressortis du grenier comme pour une grande occasion. Depuis My favorite shop des Style Council (quinze ans déjà !), on n’avait pas entendu Weller s’attacher avec autant de foi à la brillance des arrangements, montrer tant d’adresse funambule dans l’ordonnance des sons et des nuances. S’il lui arrive encore de pousser trop loin l’exercice, un morceau de bravoure comme There s no drinking, after you’re dead suffit à considérer l’ensemble comme la plus étonnante des renaissances. Avec l’apaisé With time & temperance, on retrouve même la saveur capiteuse des derniers singles des Jam (The Bitterest pill), soit la veine dont il n’aurait jamais dû quitter l’élégant tracé. Le meilleur encore demeure ce voluptueux final, Love less, qui voit Weller batifoler sur les mêmes nuages que Jimmy Webb, Bacharach ou le jeune Randy Newman, entouré d’un orchestre hollywoodien aux largesses bienvenues. Au sortir d’une décennie super-ringarde, le Paulo nouveau (sans manche et décontracté) pourrait devenir la tendance du printemps.
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