Une veine pop toujours minimale et expérimentale, consciente mais préservée de la fureur du monde.
Depuis Awe Owe, paru il y a déjà dix ans, Roberto Carlos Lange cultive vaillamment son jardin latin en terres DIY de Brooklyn. Après l’engagé Private Energy (2016), où il chantait “Young, Latin and proud”, il a décidé d’aborder son sixième album comme un journal intime.
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Quotidien rythmé
Après plusieurs mois de prise de notes sur son téléphone, il s’est évertué à les traduire en musique selon un strict rituel :
“Je me levais à 7 h 30, j’allais marcher une heure dans Prospect Park puis j’enfourchais mon vélo, direction le studio jusqu’à 16 heures. Ensuite, je repassais manger à la maison avant de retourner en studio afin d’éditer ce que j’avais fait plus tôt dans la journée. Je me suis rarement senti aussi seul avec mes chansons… mais de la meilleure des manières. This Is How You Smile parle de s’asseoir dans le noir et de laisser ses yeux s’habituer à l’obscurité.”
Bienfaisance
D’où un disque en clair-obscur qui, sans pour autant convoquer le format de la protest song, évoque l’absurdité de la politique contemporaine et le grand désœuvrement social. Une partie de ses bénéfices sera d’ailleurs versée à United We Dream : “Cette association a une mission qui résonne en moi : favoriser l’accès à l’éducation, protéger et faire progresser les jeunes immigrants qui arrivent aux Etats-Unis.”
Né d’un couple équatorien au cœur d’une Floride moite et ambivalente, Lange sait ce qu’est chercher sa place. Remontant à l’enfance, cette quête se fait entendre le long de This Is How You Smile, de l’ouverture Please Won’t Please, ode à l’empathie humaine, à la conclusion bricolée de My Name Is for My Friends.
Curiosité
Par sa démarche lo-fi, l’album rappelle le travail du Brésilien Rodrigo Amarante ou de Devendra Banhart, cultivant l’intime tout en restant grand ouvert sur le monde. “La curiosité, c’est la roue de hamster dans laquelle je cours, confie Lange. Lorsque l’anxiété grandit, je me laisse porter par ce qui attire mon œil et mon oreille, sans rien attendre de spécial.” En résulte néanmoins une musique singulière, qui nous émeut sans jamais trop en faire.
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