Le Cubain sans frontières revient avec un album de grand voyageur ému.
Quelque part entre La Havane et Paris existe un courant mystérieux et mélodique où s’entremêlent pop, reggae, son cubain et soul music. Raúl Paz y vit, heureux d’avoir rapporté de ses pérégrinations en Uruguay, au Brésil, en Argentine et de sa résidence en France le choix de ne pas choisir entre toutes ces émotions.
Alors qu’il s’était parfois dans le passé fourvoyé dans des tentations modernistes, l’enfant de Pinar del Río offre, avec son huitième album, un écrin de fête à ces musiques qui permettent de voir venir le printemps. Conçu en compagnie de Sébastien Martel (crooner au sein de Las Ondas Marteles et guitariste inventif), cet album mobilise une section de cuivres cubains, un producteur et batteur protéiforme (Marlon B, qui a oeuvré aux côtés de M comme de Air) et la prestation ébouriffante de Camille (elle dynamite le proto-rock’n’roll Carnaval).
Havanization confirme la capacité du quadragénaire à aborder à chant déployé les registres qui requièrent une capacité émotive : l’élan romantique de Mejor rebondit sur la trépidation des percussions de Gente ou sur le voyage dans le temps (La Havane, années 50, tout le monde danse) de Flores en la ciudad, puis s’apaise sur les glissandi country d’Aire. Mieux encore : Tal como fue ressuscite Otis Redding, comme une halte charnue dans la soul de Memphis.
On adore cette voix de charmeur latino, son sens du reggae digne et vigoureux (dans Pasan, il exprime en mots simples que tout passe, et tout change, sauf les femmes qu’on aime, et on a envie de le croire) et la palette harmonique qui permet toutes les audaces, dans tous les registres.
Concerts Le 16 mai à Montauban, le 19 à Arcachon