Réédition d’un joyau absolu de la pop adulte et mélancolique
C’est un album que peu de gens ont entendu, un vrai trésor caché de 1989, sorti – c’était sa volonté, son mantra – sans bruit, sans frime, sans esbrouffe. C’est pourtant un album que vous avez forcément entendu un jour, filtré, déformé, digéré par des pans entiers de la musique populaire depuis sa sortie. Un disque influent, même si méconnu, dont on mesure l’importance, en échos feutrés, lointains, chez Massive Attack ou Peter Gabriel, Portishead ou Sigur Ros. Soit une pop adulte et défaite, savamment mise en son, réussissant à donner corps et chair à des fantasmes impossibles de luxuriance épurée, de minimalisme opulent. Groupe rare et patient – quatre albums seulement en plus de vingt-cinq ans de carrière ! –, The Blue Nile, comme son nom l’indique, est plus proche du long fleuve tranquille que de l’impétueux torrent. Ça n’empêche pas ses chansons languides et étales de cacher de dangereux récifs et de profonds trous noirs, dans lesquels les touristes new-age et les badauds Nature & Découvertes pourraient bien se perdre. Car sous ses airs apaisés et sereins, la musique des Ecossais reste l’un des plus étranges et insidieux poison que l’on connaisse – “La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste” disait Victor Hugo, qui connaissait visiblement très bien The Blue Nile.
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