Le leader du Gun Club, filmé blessé et mourant : magnifique
Attention, ceci n’est pas un documentaire sur le Gun Club. Pas non plus un portrait de Jeffrey Lee Pierce, leur chanteur. Plutôt des instantanées, des images prises sur le vif entre 1992 et 1996, les dernières années de l’Américain : exilé à Londres, il est seul, n’a plus ni maison de disques, ni contrat. Il a des problèmes d’alcool, de santé, d’argent et vient de se faire larguer plutôt malproprement. Bref, il est la plus pure expression du blues. Il en est également un opérateur des plus sensibles. Sa voix, si elle est moins souvent juste que par le passé, n’en est que plus émouvante, plus fragile. Sa guitare, elle, confronte un siècle d’expression de la douleur. De ses duos acoustiques avec Cypress Grove (guitariste qui l’a accompagné sur ses disques solos) à ses reprises d’Hendrix dans les bonus (à voir absolument), son jeu fait couler le Mississippi dans les plaines arides et désertiques du psychédélisme le plus sombre. Le film est réalisé par Henri-Jean Debon (clippeur pour Noir Desir, Les Thugs…). Les images ont été prises en super-8 alors que Debon visitait régulièrement Jeffrey Lee Pierce, avec qui il avait un projet de long-métrage. Jeffrey y parle de tout, des armes blanches comme du sexe. Et Jeffrey y chante. Il est seul ou avec son entourage d’alors (dont Nick Cave). Personne ne se l’avoue, mais Jeffrey est en train de mourir. Pourtant plus que du gâchis, c’est une infinie souffrance qui se dégage de tout ça. Une de celle qui abreuve le blues depuis sa naissance.
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