Scandaleusement pop et sucré : le premier album de Little Boots, une Anglaise qui n’a froid ni aux yeux, ni aux hanches.
Il faut connaître (ou pas) Blackpool, Las Vegas miteux sur mer d’Irlande, où s’encanaille dans des salles de jeux délabrées la faune en maillots de foot et minijupes Ibiza venue de Liverpool ou Manchester. Avec son strip bastonné aux embruns, sa tour Eiffel dérisoire et ses méga-clubs pour minets gominés, Blackpool est ainsi une capitale honteuse du clubbing à l’anglaise, avec danses rituelles autour du sac à main. Mais la musique peut être, dans ces milieux hostiles, une formidable issue de secours, un ascenceur dare-dare vers l’utopie la plus colorée et extravagante : Sliimy vient de Saint-Etienne et Frankie Goes To Hollywood avait grandi dans quelques-uns des quartiers les plus ternes et durs de Liverpool.
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Les barreaux peuvent être trop étroits pour le corps, mais l’imagination, elle, peut facilement s’évader, gambader. Little Boots a ainsi longtemps connu le monde colorisé à outrance par les écrans MTV : rêvant de composer pour Kylie Minogue ou de briller dans des reality-shows dont elle fut prudemment écartée, l’Anglaise s’offre aujourd’hui un fantasme de pop acidulée, dansante, chaudasse – une eurodance de contrefaçon, taillée sur mesure par une armada de producteurs où se croisent Simian, Hot Chip ou Greg Kurstin (Lily Allen). On comprend mieux aujourd’hui le grand écart que s’offrent les reprises cocasses qu’elle poste sans répit sur le net – de MGMT à Cyndi Lauper, de Lightspeed Champion à Estelle.
Elles délimitent toutes une certaine vision de la pop, turbulente et remuante des fesses, à la fois honteusement cheesy et irrésistible, parfaitement symbolisée, comme un passage de témoin, par la présence sur Symmetry de Phil Oakey de Human League, autre indiscutable passeur entre expérimentations underground et dance-floors de Macumba. Et des déjà classiques Meddle au toujours parfait Stuck on Repeat (un tube qu’aurait dû chanter Donna Summer), du charnel et madonnesque New in Town à l’abba-cadabrant No Brakes, Victoria Hesketh prouve une fois pour toutes que ses Little Boots, que l’on savait faites pour danser, sont aussi taillées pour marcher loin et haut.
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