Première expo du collectif de graphistes H5 qui depuis l’ère French Touch répand sur la planète son et image son art de la typographie et de la vidéo.
Sur les trois étages de la Galerie Anatome, dans une mise en scène mi-3D, mi-reconstitutive de l’univers graphique du collectif H5, des pochettes de vinyles sont posées sur des cartons cubiques, au mur, des logos sont reproduits sous forme de papier peint, sous verre, des carnets de dessins préparatoires, une petite cabane de cartons empilés abrite un écran Plasma pour voir des clips vidéo, enfin des images sont disposées en séquence pour visionner une application directe à la vidéo Cette expo suit à la trace les dix ans d’investigation de ce brillant collectif de graphistes français et rappelle à quel point il a accompagné esthétiquement la musique de cette époque-là que l’on a baptisé la « French Touch ».
Chez les H5, si la recette typo paraît simple, elle est en tout cas efficace et rejoint à peu de chose près les codes de la typographie pour supermarchés : police bâton, couleurs (souvent du noir, du gris, du rouge) qui s’étalent par larges aplats, parfois des cernes noirs, parfois des ombres qui s’échappent du lettrage ; souvent d’habiles jeux de matière, en tout cas jamais de portraits ou de photos des protagonistes. En résumé, la plupart des pochettes des albums réalisées par H5 sous l’ère musicale d’Alex Gopher, Air, Etienne de Crecy (voir photo).
Ludovic Houplain et Antoine Bardou-Jacquet, amis depuis les bancs de l’école Esag-Peninnghen, ont commencé à uvrer dans la sphère du disque sous ce nom de code « H5 », juste parce que leur lieu de travail correspondait à la zone H-5 du plan de Paris et qu’ils réalisèrent une pochette pour leur ami musicien Alex Gopher du label Solid. Cette pochette fait mouche car elle rompt avec les codes electro ambiants (où les portraits des artistes sont bien en évidence), et les deux graphistes se font dans la foulée remarquer par les labels Source et Pamplemousse qui à leur tour leurs passent commande.
Et loin du discount et plus loin encore d’un côté bricolo-artisanal à bas prix, le travail graphique du duo H5 se fait en ping-pong : plus de répondant et de régénération mutuelle pour accrocher le plus de monde possible aux boucles festives de cette french electro. Très vite le collectif s’agrandit (Rachel Cazadaumont, François Alaux) quand d’autre entre et sorte (Hervé de Crecy). Très vite aussi H5 se fait connaître dans l’univers de la vidéo, notamment en 1999 avec le clip « The Child » pour Alex Gopher, une narration originale et pleine d’esprit, réalisée sous la forme d’une typographie urbaine tridimensionnelle. La suite est aussi captivante avec des collaborations vidéo avec Massive Attack (2003), Goldfrapp (2003) et Röyksopp via le clip « Remind Me », lauréat du MTV Award Best European Video (2002), ainsi que quelques passages par la pub (Areva, Vuitton) et la haute couture (Dior, Armani). Ici, c’est donc bien la définition du design graphique et de ses champs d’application qui s’éclairent : typographie, vidéo, pochette, pub, et par extension tout autre support imprimé ou visuel.