Une plongée lascive et obsédante dans le monde des rêves.
Sur son précédent single, l’hypnotique Aerial Days, au folk lo-fi et rêveur (oniriquiqui, donc), l’Anglais Duncan Sumpner, solitaire de Songs Of Green Pheasant, reprenait, le pouls au bord de l’extinction, sur le paillasson
du grand sommeil, le Dear Prudence des Beatles.
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Ça sera peut-être la dernière fois qu’il sera question de prudence, car c’est à un trip ahurissant que l’instituteur bucolique du Yorkshire convie ici, pour une visite en grand 8 d’un cerveau qui n’envisage que le panoramique, l’extra-large, le milliard de pixels et de couleurs. Pas étonnant que l’Anglais compte aujourd’hui dans son fan-club d’autre clochards cosmiques du folk, comme Devendra Banhart ou Vetiver : c’est lui aussi très largement au-delà des dogmes et recettes du genre qu’il laisse vagabonder son écriture émancipée, jouant constamment avec les nerfs grâce à une science sadique des dynamiques et de l’espace.
Car la surprise vient ici de la luxuriance des chansons, de la richesse des textures, de la complexité des harmonies, de la méticulosité maniaque des arrangements : un genre de pop mélancolique et expérimentale, hospitalière et apaisante. Une pop à la stupéfiante profondeur de champ, qui rejoint avec humilité une immense tradition britannique de recherche sonique au seul bénéfice de la beauté sur terre – de Blue Nile à Talk Talk, de Brian Eno aux Cocteau Twins. Vivement l’automne, que cette musique en laine et en brumes prenne toute sa langoureuse dimension. Nous serons alors mûrs pour ses murmures.
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