Parfois, il peut être bon d’entrer dans l’âge adulte. C’est tout particulièrement le cas dans le hiphop, lorsque les facéties laissent la place au sérieux, sans rimer forcément avec ennuyeux ou prétentieux. Lié au collectif et label Quannum Projects (DJ Shadow, Blackalicious), Lifesavas est un duo de Portland dont le deuxième album rend hommage à […]
Parfois, il peut être bon d’entrer dans l’âge adulte. C’est tout particulièrement le cas dans le hiphop, lorsque les facéties laissent la place au sérieux, sans rimer forcément avec ennuyeux ou prétentieux. Lié au collectif et label Quannum Projects (DJ Shadow, Blackalicious), Lifesavas est un duo de Portland dont le deuxième album rend hommage à un pan de la musique US pillé par le hip-hop, dans le son comme dans l’imagerie : la blaxploitation. Plutôt que de sampler une énième fois les maîtres des années 70, Jumbo the Garbage Man et Vursatyl ont écrit la BO d’un film imaginaire en donnant leur version du genre transposé dans l’ère hip-hop. En résulte un disque musicalement riche, soul et chaleureux, récit des aventures de trois pieds nickelés d’un ghetto de leur ville, transposée en Razorblade City.
La production moelleuse de Jumbo, aidé ça et là de Oh No (petit frère de Madlib) ou de Jake One, laisse la porte ouverte à tous les vents avec moult cuivres (le saxophone de Fishbone sur Dead Ones), la guitare de Living Colour sur Freedom Walk ou les apparitions de Digable Planets, George Clinton et Smif-N-Wessun. Les deux se révèlent d’excellents rappeurs capables de passer du noir et blanc à la couleur : la bonne surprise fleurie du printemps hip-hop.