Du goudron heavy et du plomb indus pour carrosser le groove.
Si le label de Mike Patton forge plus communément de sévères compressions noisy et libres de toute généalogie, on lui doit aussi cet impressionnant Dälek (prononcer dialecte), unique dépositaire d’un pacte trouble entre swing et industrie. Originaire de Newark (New Jersey), l’homme et son physique de camionneur de l’apocalypse fourvoie la scène hip-hop de la côte est jusqu’aux lisières blafardes de la plus intransigeante marge sonique. Dérapages grinçants, lancinements arides, orages mécaniques : d’autres Sonic Youth, Young Gods ou My Bloody Valentine ne sont pas si loin. Et la sève new-yorkaise des scansions martelées y part joliment en lévitation, malgré ses inhérentes surcharges pondérales. En hissant ainsi les couleurs de Public Enemy sur le mât du Black Flag, Dälek inculque le dialogue et la paix à toutes les grandes alternatives martiales de l’Amérique. D’accord, le médiateur a un discours et un physique qui ne prêtent guère à la contradiction, mais ce cinquième album confirme, si besoin, son statut d’alchimiste éclairé.