Rééditions des brûlots du Gun Club, groupe fondateur du punk-blues : toujours d’actualité trente ans plus tard.
[attachment id=298]Los Angeles 1980. A 22 ans, le blond délavé Jeffrey Lee Pierce s’occupe du fan-club local de Blondie mais, avec ses potes du Gun Club, dont il est le braillard en chef, il a pris la new-wave à rebrousse- poil. Quand Anglais et New-Yorkais se civilisent en apprenant à jouer, leur premier album Fire of Love vient de noyer le genre dans les eaux troubles du blues, en déterrant les racines de la country primitive, sur fond de sexe moite et de vaudou. Ils y reprennent même à leur sauce piquante le Preaching the Blues du pionnier Robert Johnson. Aux crossroads chantés par les bluesmen du Sud, Pierce vient connecter la nouvelle route chaotique du punk qui agite la scène de L.A.
Impressionné, Chris Stein de Blondie les signe sur son label et produit l’album Miami (1982), où la violence brute cède la place à un swamp-rock glauque. Le groupe y galope sur le Run through the Jungle de Creedence comme s’il pagayait avec ses guitares dans les bayous pour fuir le démon. C’est quand il baisse la garde sur des ballades qu’il devient le plus effrayant, de l’incendiaire Texas Serenade à Mother of Earth, dont les incantations de Pierce hanteront la planète, de Nick Cave à Bertrand Cantat.
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[attachment id=298]Le groupe survivra difficilement aux excès de son leader. En 1983, il sort un ep 5 titres, Death Party, moins blues, plus rock. Puis, en 1984, l’album The Las Vegas Story, autre exploration de la part d’ombre de l’Amérique, où il cite le jazz de Pharoah Sanders (The Master Plan) et Porgy and Bess de Gershwin (My Man’s Gone Now), au milieu d’un indie-rock US. Ce sera le chant du cygne noir des marais avant la séparation, la carrière solo erratique de Jeffrey Lee Pierce, un retour du Gun Club en 1987, avant la mort inéluctable de Pierce en 1996. Grâce à ces rééditions agrémentées d’un live (à New York, 1982, pour Miami ; à Zurich, 1983, pour Death Party ; à Strasbourg, 1984, pour The Las Vegas Story), une dangereuse remontée aux confins du blues et du punk s’impose à quiconque souhaite s’aventurer au coeur des ténèbres du rock.
Rééditions : Miami ; Death Party ; The Las Vegas Story (Cooking Vinyl/Pias)
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