Retour en pleine forme, c’est-à-dire le moral dans les tongs,
pour le génie electro brésilien.
Le Brésilien a eu la mauvaise idée de commencer par le sommet : Beautiful Life. Niché en fin de son premier album (2007), ce long rêve éveillé est de ces hymnes electro que le temps, impuissant, ou les modes qui passent, vaines, ne savent flétrir, épuiser. Gui Boratto commençait par l’orgasme absolu : difficile ensuite de se contenter des câlins et préludes, aussi sensuels soient-ils.
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En 2009, sur son deuxième album, Take My Breath away, il se réfugiait ainsi dans des ébats sans grande passion entre pop, techno et house : à l’érotisme succédait la technique. C’était très efficace mais pas forcément sexy. Car de ces fusions chaud/froid, de cette langueur au service de la robotique, le Brésilien avait alors fait un fonds de commerce, savoir-faire étalé dans des remixes à la chaîne pour les charts et Macumba de la terre entière.
Nettement plus discret ces derniers temps (il a beaucoup tourné), il s’est à nouveau consacré à sa propre invention, infernale : la techno qui ne se danse qu’à l’horizontale. De plus en plus pop et aqueuse, sa musique a considérablement élargi ses baies vitrées, tout en conservant cette manière unique de tordre et de vicier les mélodies : le Brésilien cite Echo & The Bunnymen comme influence (le vigoureux Striker), tandis que sa musique, elle, évoque le plus souvent la malice sautillante de chercheurs allemands des années 70 – on pense souvent à Roedelius, un homme qui devrait avoir sa statue dans chaque bon club de la planète.
Mais du troublant Soledad au méditatif Flying Practice, Gui Boratto rappelle surtout qu’il reste l’un des plus brillants dompteurs de cafards et papillons noirs du genre, diffusant en brûme insidieuse une mélancolie amie, jamais hostile. En fin de parcours, les nerfs apprivoisés et les yeux dans le vide, on accueille avec extase le retour de Luciana Villanova, sa femme, et chanteuse déjà sur Beautiful Life, pour le très New Order This Is Not the End. En rêvant que ce plaisir sans fin ne soit pas un voeu pieu.
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