En vogue dans son pays natal, Soniamiki est le projet d’une jeune et talentueuse artiste polonaise, Zosia Mikucka. Entre electro loufoque et pop déconstruite, voire foldingue, elle sortira son troisième album début 2014. Et ça mérite le détour.
Il se passe aussi des choses à l’est, on a donc décidé de faire un petit détour par la Pologne, où l’on ne va pas si souvent, et où la scène est pourtant de plus en plus florissante. Exemple concret, la pop déconstruite de la ravissante Zosia Mikucka aka Soniamiki, jeune artiste multi-instrumentiste et mère de ce projet atypique où des refrains colorés côtoient un minimalisme brut et bestial. Un son faussement dépouillé reposant sur un triptyque basse/voix/batterie (son petit ami Lukasz Lach en est le batteur), qu’éclairent quelques synthés industriels et clavecins discrets, par à-coups loufoques.
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Autodidacte, Zosia quitte sa ville natale à quinze ans pour s’inscrire aux Beaux-Arts de Poznan, où elle étudie les films d’animations. Une source d’inspiration pour elle, tout autant que les films de Fellini ou ceux de la Nouvelle Vague, ou que certains classiques du rock, de la soul et du blues comme Bowie, Zappa, Nina Simone ou Billie Holiday. Une artiste complète qui fait tout elle-même: du son au graphisme, du concept aux vidéos, et qui considère sa musique comme de la pop, « mais légèrement cassée« .
Cassée, démontée, fracassée, les adjectifs ne manquent pas à l’écoute de SNMK, son second album sorti à l’automne 2012 et enregistré à Berlin. Entre un down-tempo épuré voire torturé, et des synthés de gameboy clinquants utilisés à contre-temps, seule la voix exotique et séduisante de Zosia parvient à servir de liant à cette production cyclique et minimaliste. Libérateurs, les refrains sont alors autant de raisons de rêver, de s’évader. D’exister. De son premier album 7pm – sorti en 2009 – on comprend que Soniamiki en a conservé les souffrances. Et une certaine folie plutôt touchante. Les cordes claires des ballades folk Easy One More Day et Good Life ont laissé places aux basses sourdes et sinueuses de titres plus electro comme Morze, Kinokosmos, ou Lemoniada.
Alternant anglais et polonais, Zosia confie se sentir plus à son aise dans sa langue natale: « Je suis plus précise en polonais, c’est plus abstrait quand je chante en anglais« . Et même si on ne comprend pas (du) tout ce qu’elle chante, force est de constater que le polonais est une langue diaboliquement mélodique. On pense à plein d’artistes un peu foldingues, à une Camille un peu plus à l’est, à Emiliana Torrini, à La Roux, à Beach House (Star Out Of Blue), ou à Au Revoir Simone sous tranxène, et on se dit qu’il faut attendre la sortie de son troisième album – prévue pour début 2014 – d’un pied très ferme.
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