Entre Nina Simone et le dancefloor, entre Michael Jackson et DFA, la voix et l’écriture sans genre de Shamir impressionnent : futur grand, sans aucun doute.
Shamir, dont la gloire pourrait effacer le nom de famille, Bailey, n’a que 19 ans. Aux dernières nouvelles, le jeune homme vit encore chez sa maman, dans les environs de Las Vegas. A Northtown plus précisément, nom du premier maxi qu’il publie ces jours-ci sur le label new-yorkais Godmode, précédé plus tôt dans l’année par le très prometteur et très remarqué If It Wasn’t True.
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Shamir n’a que 19 ans. Il explique vouloir faire de la musique depuis ses 7 ans, est un complet autodidacte, a appris la guitare (qu’il joue à l’envers) presque seul, les machines sans véritable mode d’emploi. Il a surtout dû, avec les années, du apprendre à jouer, littéralement, avec les mutations imprévues de l’instrument très malléable qui fera, on en met notre bras à couper, sa célébrité : sa voix. Perchée, aérienne, sensuelle, indécise, elle n’a pas de genre. Elle n’est ni jeune ni vieille, ni mâle ni femelle, ni profonde ni aiguë, ni du ventre ni de tête : elle tout à la fois, elle est impressionnante, et elle est magnifique.
Shamir explique adorer Nina Simone, pense que Tegan & Sarah est le meilleur groupe du monde et que, comme elles, Beck a le génie de ne jamais tout à fait fixer son attention sur un unique style. On entend sur les très efficaces If It Wasn’t True ou sur I Know It’s a Good Thing, sur l’électronique bizarre de Sometimes a Man, sur la très belle I’ll Never Be Able to Love les années 70 se confondre avec les années 10, le dancefloor s’installer au Paradis, on entend du r’n’b sans frontières, du gospel tordu, de la soul rétro-futuriste, de la pop synthétisée, de la disco primitive, un véritable sens du songwriting (il reprend également, avec grâce, la country de Lindi Ortega). On pense à ESG, à DFA, à TV On the Radio, à un proto-Michael Jackson, à un Prince en devenir, à une Kelis fragile, on pense à tellement de choses, de gens, de genres, qu’on finit par ne plus vraiment penser, pour simplement profiter.
Dans les quelques morceaux de jeunesse que Shamir a publiés, on entend un jeune homme tout apprendre, apprendre tout très vite, tout apprendre très vite mais à sa manière, personnelle, unique : un document de croissance tout à fait passionnant. On entend ici, là, ici et là, partout en même temps, un mélange de tout, un mashup éducatif dont on a très vite envie de connaître les limites. S’il en existe : l’âge indécis et la fougue des désirs de Shamir semblent, pour l’instant, ne pas vouloir en délimiter.
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