Prenez deux groupes de Glasgow, Ultimate Thrush, trio de musique expérimentale hardcore, et Silk Cut, duo de house analogique, et vous obtiendrez Golden Teachers. Soit le « party band » le plus fucked up du moment.
Golden Teacher a beau porter le nom d’un champignon hallucinogène loué pour ses « effets spirituels », le groupe n’accepte pas vraiment les qualifications en psych– quelque chose. Il refuse également d’être traité de « groupe d’école d’art », même si certains sortent de celle de Glasgow. Trop bordélique, on ne peut pas non plus en faire un groupe de studio alors qu’une partie des membres a travaillé, étudié et testé le Wall Of Sound Phil Spectorien aux Green Door Studios. Golden Teacher préfère se définir comme un party band, avec des membres venant de Paris et Londres. Les Glaswégiens ne peuvent animer qu’une fête punk et chamanique, bancale et bordélique : on y danse au bord de la folie.
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En moins de deux ans et trois EPs à peine, Golden Teacher a réussi à prendre en otage la boule disco affiché sur LCD Soundsystem. Il la torture depuis à coup d’expérimentations easy-making et lui tape dessus avec de l’afrobeat hypnotique, quand il ne la coule pas dans une new wave rigide et bien plantée dans ses bottes. Avec une intelligence instinctive, les six membres du groupe balancent des bombes dancefloors infectieuses (Love et Like a Hawk en tête) qui auraient donné envie à Ian Curtis de se mettre à la danse tribale, pieds nus sur des braises. La polyrythmie ouest-africaine, le chant à la Suicide de Cassie Oji et Charles Lavenac, et les références à Liaisons Dangereuses se sont mélangées durant des expérimentations/enregistrements lives et fulgurants. Golden Teacher lui-même ne doit pas connaître la recette exacte de sa mixture. De toute façon les dosages varient selon les morceaux et les EPs qui sont parfois à dominante house bluesy (Bells From The Deep End et ses décharges synthétique), parfois tribal expé (Do Not Go Gentle Into That Good Night et ses flûtes de pan), quand ils ne sont pas un appel direct à l’émancipation corporelle (Party People, exutoire magique).
http://www.youtube.com/watch?v=KtvPpdPJmoU
Les sortilèges de Golden Teacher ne se révèlent pleinement qu’en live. C’est lorsque le groupe monte sur scène qu’on peut communier avec les esprits, invoqués par des performances dérivatives et DIY, têtes de mort lumineuses à l’appui. Il y a dix ans James Murphy chantait « I’m losing my edge to better-looking people with better ideas and more talent » avant de se lancer dans un long name dropping qui signifiait « je ne serais pas le nième nom sur la liste ». Il trashait le vide essentiel de la culture pop à l’aide de la pop elle-même. L’histoire de cette boucle roborative est, aujourd’hui, bouclée par les sales gosses de Glasgow : Golden Teacher refait la leçon des structures pop (parfaitement comprises), de l’énergie punk et de la fronde subversive pour l’appliquer à de nouveaux territoires.
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