Le groupe parisien sort aujourd’hui un bel EP aux ambiances vaporeuses et mélancoliques. Il pourrait bien le placer en vrai espoir de la pop française.
La musique de pâle regard trouve définitivement ses sources dans l’ambiance chaotique des métropoles, là où les immeubles et la foule ne laissent transparaître que quelques éclats de ciel. Et elle transpire particulièrement cet instant où, juste avant de se crasher dans leurs lits, les travailleurs n’ont d’autre choix que se laisser aller à un rêve éveillé, mélancolique, bercé de la lumière floue des vitrines et des réverbères. C’est notamment ce genre d’ambiance qu’on retrouve dans Bus de Nuit, très belle chanson évoquant la fin de journée d’une serveuse qui rentre du boulot en Noctilien.
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Mélodies brumeuses et rythmes vaporeux
Portés par le groove impeccable d’une basse et d’une guitare qui se répondent en écho, des synthés brumeux accompagnent ici la voix et les mots de la chanteuse du groupe, Capucine. Le morceau est une franche réussite et ouvre de la meilleure des manières possibles ce deuxième EP intitulé Terrain Vague. Après une première sortie passée plutôt inaperçue (quatre chansons plus acoustiques sorties d’une traite en 2018 et réunies sous le nom de Fait Accompli), pâle regard semble s’être complètement trouvé avec ce disque.
Les influences des Parisiens se confondent et se mélangent, quelque part entre Françoise Hardy, Mazzy Star ou encore Requin Chagrin. On trouve ici les mélodies brumeuses de la dream pop, les rythmes langoureux de la vaporwave, la sincérité de la bedroom pop ou encore les effets kaléidoscopés du psyché (notamment sur l’instrumentale Melankolsk). Et au-delà des rêveries urbaines décrites dans le premier paragraphe de cet article, le disque se pare aussi par moments d’une tension inattendue, comme sur Oubliez-Moi, morceau qui traite de la bipolarité des rapports humains – entre crainte, besoin d’attachement, tendresse et distance. Thème que l’on retrouve d’ailleurs également dans le chouette morceau Appel D’Air, introduit par de très belles parties de guitares.
Si les bases du groupe sont donc à trouver du côté de la new-wave ou de la pop aérienne des années 80 / 90, pâle regard réussit quand même le pari de s’extraire de ses références grâce à une production à la fois moderne et honnête. Et le quintet, sorte de cousin éloigné de formations comme Juniore (les vapeurs d’opiacées en plus), pourrait franchement se poser en très bel espoir de la pop française. Avant d’en être certains, il nous reste cependant à voir ce que donnent leurs morceaux interprétés en live. Et pour ce faire, le seul rendez-vous envisageable semble être – en tout cas à l’instant où sont écrites ces lignes – la soirée de lancement du disque qui est organisée par leur label londonien Dirty Melody, ce jeudi 16 janvier. Ce sera en compagnie de Mc Baise, au Pop-Up du Label (Paris) et on vous conseille fortement de ne pas manquer cette soirée.
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