Avec le fou, psychédélique et pointilliste Super Forma, le Parisien Orval Carlos Sibelius invite à un voyage fascinant, dont on ne veut jamais revenir.
D’emprunt, le nom du Parisien est, déjà, une invitation à l’évasion. Parisien ? Pas certain. Orval Carlos Sibelius, Axel Monneau pour ses parents et l’Etat Civil, semble ne posséder aucune racine. Ou, plutôt, il les possède toutes. Comme s’il avait visité, dans une vie antérieure, dans ses rêves nocturnes, dans ses rêveries diurnes, toutes les terres de toutes les planètes de toutes les galaxies de tous les ages, comme si l’intégralité du savoir universel avait fini par trouver refuge dans un seul ciboulot, comme s’il flottait, nous conviant au voyage, au dessus de toute chose.
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Seul ou dans ses projets parallèles (Snark, Centenaire…), notamment sur deux albums remarqués (un éponyme en 2006, The Recovery Tapes en 2011), le garçon est déjà passé par nos oreilles. Elles avaient eu, déjà, du mal à comprendre les gouzis-gouzis qui les faisaient frissonner de plaisir et se pâmer de curiosité -elles avaient eu du mal, mais elles plongeaient avec d’autant plus de passion dans l’univers du bonhomme qu’elles sentaient pouvoir y trouver mille horizons neufs à explorer encore, et encore, et encore, et encore.
Dans ce néo-folk à caresses ou échardes, dans cet épique d’époque incertaine, dans ce psychédélisme sorcier, il y avait certes des bases évidentes -Love, Pink Floyd, les Beatles, King Crimson, Morricone, Robert Wyatt, beaucoup d’autres. Les paysages dessinés, eux, étaient pourtant neufs : à l’imagination de l’auditeur de se faire son propre scénario. Pourtant, à l’écoute de l’album à venir du Parisien, Super Forma, tout ceci semblait n’être qu’un brouillon, un brouillon certes de très haut vol, mais l’apprentissage d’une sorcellerie qui trouve désormais la pleine puissance de ses charmes. Car Super Forma n’est pas un album mais mille à la fois.
D’une densité folle, poussant le psychédélisme dans ses méandres les plus psychotropes, changeant d’humeur, d’instrumentation, d’atmosphère, de continent, de galaxie d’une chanson à l’autre, ou souvent sur un même morceau, Super Forma est un impressionnant dédale, un disque-labyrinthe, un trip intergalactique, un album d’une immense élégance, incroyablement abouti et produit avec un pointillisme admirable, qui jette toutes ses influences dans un maelström unique et dont l’esprit, chamboulé, ne sort pas tout à fait indemne. Super Forma sortira en mai : préparez vos valises, le voyage sera long, le voyage sera étrange, et le voyage sera beau.
Premier album éponyme en écoute à cette adresse, Recovery Tapes à celle-ci.
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