Déjà ex-Zoo Kid, King Krule dévoile un nouveau projet où il s’essaie au hip-hop : flow enfumé et trip ombrageux pour Edgar The Beatmaker.
On a découvert Archy Marshall il n’y a pas si longtemps, mais déjà on a l’impression d’avoir partagé quelques tranches de vie avec lui. Début 2011, cet Anglais avait 16 ans. Début 2013, il en a donc 18, et sa bouille de gamin surdoué n’a pas changé. L’air perdu, lui et sa voix grave ont déjà quelques miracles à leur actif. Il y a d’abord eu Zoo Kid, avec qui on découvrit le personnage, et puis King Krule, couronnement précoce d’un étudiant en art, issu d’une famille d’artistes. Dans les deux cas, on retrouvait la même pesanteur, la même singulière douleur exprimée par la même petite gueule de hooligan pas méchant, juste un peu perdu face à l’enfer du choix adolescent – que faire, où aller ?
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Si beaucoup d’artistes, écrivains et autres penseurs vivent généralement leur formation et leurs tâtonnements dans l’ombre, poussés par l’envie de faire et le besoin de reconnaissance, Archy fait déjà tout en pleine lumière, continuant de se chercher artistiquement alors même que les feux médiatiques sont sur lui depuis le début. C’est donc avec passion qu’on suit l’évolution de ce songwriter d’un genre particulier, inventeur de ce qu’il nomme la « blue wave » et dompteur de styles cohérent. Pour son nouveau projet, donc, Archy Marshall s’essaye au hip-hop sur une série de morceaux lâchés sous le nom d’Edgar The Beatmaker. En écoute ci-dessous, les quelques pièces assemblées sous le titre Darkest Shades of Blue réunissent quelques proches autour d’Archy, pour une plongée dans des ambiances aux reliefs soignés, au clair-obscur voluptueux et aux textures feutrées.
Bien que collectifs, on retrouve donc sur ces morceaux ce qui a déjà fait l’identité de Zoo Kid ou de King Krule : des voix comme détachées d’elles-mêmes, une nervosité calmée par la nonchalance et la modernité d’une écriture flirtant pourtant avec jazz et blues. C’est sans doute un peu tout ça la « blue wave » de King Krule : comme la période bleue de Picasso, une idée qui englobe le processus de création dans ses différentes nuances, ses différentes directions. Peut-être y aura-t-il ainsi un jour, chez Archy Marshall, une période rose ou bien encore cinquante nuances de bleu ; dans tous les cas, on sera là pour observer les nouvelles prouesses du futur roi d’Angleterre.
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