Mardi soir, les quatre branleurs australiens de Ausmuteants étaient de retour à Paris, après avoir enflammé la Villette Sonique en mai dernier. On s’est penché sur le cas de leur synth-punk ravageur, sous haute influence Screamers, Chrome et Devo.
Vendredi 22 mai, à la Grande Halle de la Villette, Thee Oh Sees se produisait en compagnie de The Gories dans le cadre du festival Villette Sonique. Si les hérauts garage étaient attendus au tournant, un autre groupe a néanmoins monopolisé l’attention ce soir-là.
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Tornade synth-punk
Débarqués de nulle part (enfin de Geelong, près de Melbourne), les Ausmuteants ont progressivement foudroyé l’assistance, à coups de blagues potaches (« We’re the police », répétée au moins une bonne douzaine de fois pendant le concert), de foirades hilarantes et d’énergie monstrueuse. Mais surtout, leurs hymnes synth-punk irrésistibles, croisements braillards entre Chrome, The Screamers, Pere Ubu et un Devo post-teenage, ont achevé de rendre tout le monde accro. De clairsemée (c’est le moins que l’on puisse dire) au début, la Grande Halle s’est progressivement remplie, et les garnements ont habité l’espace comme s’ils avaient fait ça toute leur vie.
Grâce à l’activisme des mecs du label Gone with the Weed, les quatre branleurs étaient de retour mardi dernier à Paris, dans une salle plus adaptée à leur synth-punk furieux, l’Olympic Café dans le 18e. Archi-complète, la jauge de 150 personnes avait de quoi préparer le terrain pour les Australiens. C’est bien simple : si la réussite du concert de la Villette s’était faite sur la durée, les Ausmuteants ont retourné l’Olympic Café en moins de deux secondes. Il faut dire que leurs chansons crétines qui parlent de foutre et de pisse avaient de quoi libérer les tendances régressives de tout un chacun. Et c’est effectivement ce qu’il s’est passé : tout le monde s’est lâché, les pogos ont fusé, achevant de faire du groupe de Geelong une des formations live les plus juvéniles et excitantes vues depuis longtemps.
Un passif déjà conséquent
Dignes représentants d’un underground australien pourvu d’une vitalité éclatante, les jeunes gars de Ausmuteants n’en étaient pas mardi soir à leur coup d’essai. Avant de fonder le groupe en 2012, les deux membres fondateurs Billy Gardner et Jake Robertson officiaient dans une demi-douzaine de formations issues de la région de Melbourne, toutes plus ou moins garage, toutes plus ou moins victorieuses. Signalons tout de même The Frowning Clouds (Jake), qui aurait très bien pu figurer sur une compilation Nuggets, ou encore The Living Eyes (Billy), plus passe-partout dans sa forme garage.
Aujourd’hui, Billy tient son propre label, l’excellent Anti Fade, sorte de cousin océanique et rugueux de nos Gone With The Weed, XVIII Records ou Howlin Banana nationaux, et qui présente la crème garage locale, de The UV Race à Straight Arrows en passant par The Stevens. Après le concert de mardi, on a voulu discuter un peu avec le groupe. On leur a demandé leur avis sur Mikey Young, autrefois membre de Eddy Current Suppression Ring, puis de Total Control, et qui produit aujourd’hui la moitié de la nouvelle scène australienne :
Billy : « C’est un mec tellement cool, un bon gars, extrêmement sexy. »
Marc (basse) : « Il joue merveilleusement bien de la flûte. »
Jake : « La plupart des types qui jouent dans un groupe excellent sont des trous du cul. Mikey, lui, joue ou a joué dans cinq groupes excellents (Total Control, Lace Curtain, Ooga Boogas, Eddy Current Suppression Ring, Brain Children), et c’est le mec le plus adorable au monde. Et il est très beau. »
Marc : « Il a une peau très douce. La peau la plus douce que j’ai vue de ma vie. »
Jake : « Et il a une rétention de pisse de dingue. On a enregistré avec lui pendant 3 jours, et il a pissé une seule fois. C’est un génie. »
http://www.youtube.com/watch?v=ohMe9S9mGnU
Crétinerie frondeuse
Ça donne un peu une idée de l’état d’esprit des Ausmuteants : quatre branleurs un peu taquins et au capital sympathie ultime. Peut-être est-ce dû au climat, ou au contexte de leur ville d’origine, Geelong. Jake :
« Quand j’ai déménagé à Geelong il y a quelques années, c’était tellement bizarre, je venais d’une ville surf où tout le monde écoutait du nu-metal, Rage Against The Machine, System of a Down, ce genre de trucs. Mais là, je me suis retrouvé face à des gamins qui écoutaient tous du garage psyché 60’s, portaient tous des coupes au bol, et jouaient avec des guitares pleines de fuzz. T’imagines le choc. »
http://www.youtube.com/watch?v=0oy4C7YXWI4
Quoiqu’il en soit, plus on écoute leurs deux albums, Amusements (2013) et Order of Operation (2014), plus on se dit que cette débauche d’énergie et de crétinerie post-teenage mal dégrossie se doit d’être attrapée au vol, et au plus vite. Un groupe aussi peu calculateur et à un tel niveau de panache débraillé ne peut pas tenir la longueur. Impossible.
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