Loin de l’image arrogante que l’on se faisait de lui, l’ex-leader de Grant Lee Buffalo, s’est révélé peu avare de vannes complices lors de son passage au Nouveau Casino de Paris le 17 avril dernier.
Phillips, malgré son patronyme, n’est jamais rasoir. Au contraire. On l’avait cru rock ? star mégalo s’apprêtant à conquérir le monde avec son ancien groupe Grant Lee Buffalo. Pourtant, faute de succès public, le groupe s’est séparé après sept années d’existence et une poignée d’albums flamboyants, quittant la puissante Warner. Un épisode doublement douloureux.
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Ladies Love Oracle, premier effort solo lennonien et dépouillé jusqu’à l’os, lui a permis de se recentrer sur l’essence même de son art. Aidé par Carmen Rizzo, il assume à nouveau seul les parties instrumentales sur son deuxième album au son acidulé, Mobilize, plus chaleureux et organique que jamais.
Débordant d’énergie, Grant Lee Phillips assène ce soir à ses chansons – majoritairement issues des deux premiers Grant Lee Buffalo et de Mobilize – un traitement acoustique de choc. Même les ballades dégagent une ferveur et un aplomb impressionnants, et le niveau reste constant. Au piano ou à la Fender douze cordes, Grant Lee recréé ses chansons de manière originale et convaincante, seulement aidé par le violoniste Eric Gorfain.
En concert, qui l’eût cru, le songwriter distant et torturé s’est mué en véritable entertainer : « C’est vrai qu’avec Grant Lee Buffalo, je lâchais rarement un mot sur scène. Dans les petites salles et les clubs, je me dois d’établir un vrai contact. ». En solo, Grant Lee révèle un entrain communicatif et un humour inattendu, digne de Woody Allen, allant jusqu’à s’excuser, lors d’un des nombreux apartés, de chanter trop de choses « tristes et déprimantes ».
Ce contraste rappelle Mark Kozelek (Red House Painters). La comparaison le flatte : « Mark est un ami, nous avons joué ensemble. »
Dans une ambiance club détendue et conviviale, facétieux et sûr de lui, un peu cintré dans son costume ? cravate, Grant Lee rayonne. Parmi les nombreux rappels, on notera une reprise de George Harrison (Beware of Darkness) et le Wave Of Mutilation des Pixies (Doolittle est l’un des ses disques préférés).
Plus ouvert et positif que jamais, empreint d’une énergie nouvelle, Grant Lee Phillips, enfin débarrassé des artifices du show biz, dégage une présence digne de Tom Waits ou de Neil Young. Son potentiel ne demande qu’à croître.
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